Mérimée Prosper (1803-1870)

Carmen (1845)
Carmen è al tempo stesso una specie di reportage brillante e romanzato sui costumi dei gitani di Spagna e la drammatica storia di un uomo vittima di una passione fatale. Nel corso di un viaggio in Spagna, l'autore ha incontrato un bandito di strada, José Navarro. Qualche tempo dopo, appreso che era stato arrestato  e stava per essere giustiziato, ottiene di poterlo vedere in prigione e il brigante gli racconta la sua storia.
Se il giovane Basco dolce e serio che era Don José Lizzarabengoa si è trasformato in un temibile bandito, è per essere stato stregato da una donna, la bella gitana Carmen: per il suo amore ha tradito il suo dovere di soldato, ha disertato, è diventato contrabbandiere, ladro e assassino. Infine, abbandonato da Carmen, l'ha uccisa senza smettere di amarla.

La mort de Carmen


Quand la messe fut dite, je retournai à la venta. J'espérais que Carmen se serait enfuie; elle aurait pu prendre mon cheval et se sauver ... mais je la retrouvai. Elle ne voulait pas qu'on pût dire que je lui avais fait peur. Pendant mon absence, elle avait défait l'ourlet de sa robe pour en retirer le plomb. Maintenant, elle était devant une table, regardant dans une terrine pleine d'eau le plomb qu'elle avait fait fondre, et qu'elle venait d'y jeter. Elle était si occupée de sa magie qu'elle ne s'aperçut pas d'abord de mon retour. Tantôt elle prenait un morceau de plomb et le tournait de tous les côtés d'un air triste, tantôt elle chantait quelqu'une de ces chansons magiques où elles invoquent Maria Padilla, la maîtresse de don Pédro, qui fut, dit-on, la Bari Crallisa, ou la grande reine des Bohémiens:
- Carmen, lui dis-je, voulez-vous venir avec moi?
Elle se leva, jeta sa sébile, et mit sa mantille sur sa tête comme prête à partir. On m'amena mon cheval, elle monta en croupe et nous nous éloignâmes.
- Ainsi, lui dis-je, ma Carmen, après un bout de chemin, tu  veux bien me suivre, n'est-ce pas?
- Je te suis à la mort, oui, mais je ne vivrai plus avec toi.
Nous étions dans une gorge solitaire; j'arrêtai mon cheval.
- Est-ce ici? dit-elle.
Et d'un bond elle fut à terre. Elle ôta sa mantille, la jeta à ses pieds, et se tint immobile un poing sur la hanche, me regardant fixement.
- Tu veux me tuer, je le vois bien, dit-elle; c'est écrit, mais tu ne me feras pas céder.

(in costruzione)

 

Indice