Éditorial
“ Écoles séparées…
Écoles Valdôtaines! ”
par Laurent Viérin
Dans le dernier numéro
de “Jeunesse Aujourd’hui”, à la rentrée, nous avions quelque peu ingénuement
envisagé un automne scolaire plutôt tranquille, les présomptueux ayant été
sauvés par ce foutu français, et les ambitieux en quête de gloire ayant
recueilli les signatures nécessaires pour obtenir le référendum.
Nous avons, en réalité, eu un automne assez
mouvementé. Un automne de coups de théâtre, de polémiques, de manifestations,
de prises de position et de revirements embarassants… Un automne d’occupation,
ou mieux, d’autoinformation (?), de démagogie, de ridicules et macabres
trouvailles, certains allant même jusqu’à mettre en scène de grotesques
funérailles sans le mort… Un automne, bref, de confusion.
Pomme de discorde, une fois de plus, la maturité. Total,
un grand chahut, beaucoup de bruit pour aboutir à une solution à l’italienne,
où tout le monde paraît sortir vainqueur et satisfait du combat et personne ne
s’avoue vaincu. La Jeunesse Valdôtaine a pris elle aussi position dans cette
querelle. Une position claire et nette. La même position que l’an dernier. Et
par esprit de cohérence nous ne sommes pas revenus sur nos pas, convaincus de
nos idées, contraires aux compromis à ce sujet et conscients que ce qui est mis
en discussion, en dépit des apparences , ce n’est pas l’examen de maturité mais
plutôt le français, l’identité
valdôtaine et le fondement linguistique de notre spécificité.
”Si l’on commence à céder c’est
le début de la fin “, voilà notre devise. Les
polémiques , nous avons pu le constater, pourraient durer des années et des
années… les solutions à l’italienne, par ailleurs,ne résoudront certainement pas le problème. Elles ne
feront qu’alimenter les divisions, qui s’apaisent quelque temps pour se
manifester encore plus violemment à la première occasion.
La communauté valdôtaine traverse, à notre avis,
une phase de crise, de tension culturelle et ethnique qui, jour après jour,
s’exaspère , s’accroît et voit l’identité valdôtaine s’affaiblir. C’est pour
cela que nous, les jeunes de la J.V. nous voulons à présent prendre les devants, sortir de cette impasse
et lancer un défi: Nous voulons des
écoles séparées! Nous revendiquons
des écoles valdôtaines, seul espoir pour la survie de notre peuple… seul
atout pour les nouvelles générations valdôtaines. Voilà notre défi… un défi qui
passe forcément par deux étapes très importantes.
Premièrement , il y aura, ce printemps prochain,
un référendum qui signifie langue, qui signifie identité, particularisme ,
autonomie et Union Valdôtaine aussi . Cinq
éléments pour la survie de notre
spécificité. Nous sommes profondément convaincus qu’il ne faut guère craindre
ce référendum…il faut simplement le gagner.
Le gagner ou par un “Non”
éclatant, ou bien , deuxième possibilité, dans ce
système Italie où chaque mesure a quand même une contre-mesure, le gagner par
une abstention… les Valdôtains , un dimanche de printemps, préférant sûrement
la Bataille des reines ou les Sports populaires…
Mettez un signe positif à ce défi et les cinq éléments de la survie seront également
positifs. Et vice-versa, une défaite serait un symbole négatif pour ces éléments
culturels, identitaires mais politiques aussi.
Résultat à part, avec le référendum la communauté
valdôtaine aura atteint le paroxysme de sa crise. Les divisions et les ruptures
n’auront fait que s’accroître. Et voilà pourquoi le moment est venu, deuxième
élément de notre défi, d’affronter sérieusement l’hypothèse d’une réforme
globale du système scolaire valdôtain. Le moment est venu de lancer le défi des
écoles séparées. Et c’est justement ce que la J.V. fera dans les mois à venir,
en faisant de ce défi un véritable sujet de débat et de confrontation dans
toute la communauté valdôtaine. Ce qu’il faut bien se dire c’est que la
tentative de créer, au Val d’Aoste, une société bilingue à tous les effets, une
communauté avec deux ethnies parfaitement intégrées, s’est révélée une faillite
totale, et les innombrables querelles linguitiques sont là pour en témoigner. Dans
l’histoire, ne nous faisons pas trop d’illusions, les seuls perdants sont les
Valdôtains, leur culture, leurs langues. A présent, le moment est venu
d’envisager deux écoles et un libre choix.
Une première école, valdôtaine, où le français, le
patois, l’anglais, l’italien y seraient enseignés. Une école en français et en
patois. Une école entièrement gérée et
organisée en Vallée d’Aoste et par la Vallée d’Aoste, qui apprenne à nos
jeunes, entre autres, l’histoire, la vie et la culture valdôtaine.
Une deuxième école, par contre, gérée directement
par Rome, unitaire, organisée comme toutes les autres écoles
italiennes,suivrait les programmes nationaux, du Ministère. Entre ces deux
systèmes scolaires, aux parents de décider. Cela est simple: nous revendiquons,
en quelque sorte, des écoles valdôtaines, tout comme les catholiques
revendiquent leurs propres écoles.
Voilà, à notre avis, la vraie bataille qui est en
jeu. Une bataille qui pourrait sembler, à brève échéance, perdue, mais qui se
révélera, à long terme, une victoire.
Premier pas: raisonner de façon un peu plus
intelligente par rapport à Rome, et commencer à réformer les écoles de bas en
haut. De l’école maternelle pour en arriver jusqu’à la maturité… et non pas de
la maturité pour arriver à la maternelle… Mais que voulez-vous… à Rome, une
fois de plus, il fallait bien qu’on fasse les choses à l’envers…