28 Giugno 2000
 Au theatre, rien d’impossibile Volterra, de notre envoyèe spèciale.
A Volterra, en Toscane, tout commence et finit toujors par la Piazza dei Priori, la place centrale de la ville forte,d’où  partent les rues étroites qui s’enfoncent entre les maisons. C’est là que, le 23 juillet, Dario Fo a proféré son Sait-Francoise d’Assise (Lu Santo Jullare Francesco), en cloture de la quatorzieme édition du festival des Thèatres de l’impossible. Le matin, les journaux locaux annonçaient fièrement : << Le prix Nobel a Volterra >>. La veille, 2200 spectateurs étaient venus écouter la fanfare de Goran Bregovic. Ces deux sirèes étaient organisées conjointement par l’office de tourisme de Volterra et le festival des Théatres de l’impossible. << C’est une maniere d’attirer l’attention sur Volterra et d’inciter le public à venir voir les autres spectacles >>, dit le metteur en scéne Armando Punzo. Le festival des Théatres de l’impossible rassamble des troupes, italiennes et étrangères qui ont en commun d’oeuvrer sur les marges. Il a bénéficié cette année d’un budget de 300 millions de lires (environ 1 million de francs), qui lui a permis de présenter vingt-cinq spectacles, dont le Macbeth jouéè dans la fortesse. Une des meilleures surprises est venue du Teatro da mangiare ? qui réunit neuf mangeurs et trois hotes cuisiniers-comédiens, Paola Berselli, Stefano Pasquini et Maurizio Ferraresi.

COMEDIENS DEVENUS PAYSANS

Cela se passe dans une maison de Volterra, aux heures légales des repas, 13 heures et 20 heures. Les convives se retrouvent autour d’une table de ferme, dans une piéce aux pierres brutes. Les entrées sont déjà disposées : tomates gouteuses, oignons craquants. L’internationale ouvre le feu, à l’italienne : c’est la lutte finale – celle de la nourriture comme une rédemption. Pendant une heure bénie, le temps de voir les pates naitre sous les doigts agiles, plonger dans l’eau et en resortir al dente, la tablée cultive le plaisir des sense. Elle mange, par la bouche, les yeux et les oreilles. Elle écoute Paola Berselli, Stefano Pasquini et Maurizio Ferraresi raconter une histoire, en lectures, récits et chansons. Le voyage autobiographique de comédians devenus paysans.  
Jusqu’en 1989, Paola Berselli et Stefano Pasquini onr travaillé comme acteurs dans une compagnie de Bologne. Puis ils en ont eu assez. << On se sentait pressèr, vidés.>> ils ont alors décidé de retourner à leurs racines paysannes. Ils ont repris des terres familiales abandonnées, tris hectares au milieu d’une vallée humide ef froide, à Castello di Serravalle, pas loin de Bologne. Ils ont travaillé la terre, durement, sous le regard méfiant des paysans du coin. Et, disent-ils, << cette vallée est devenue la vallèe de nos reves >>. Comme ils voulaient faire partager ce qu’ils vivaient, ils ont commencé à faire du thèatre dans une chambre de la maison, pour vingt spectateurs. Il y a eu Argini (en 1997), chronique d’un village de 1960 à 2000. La mére de Paola était de la partie. Il y a eu aussi Fratelli d’Italia, avec quatre habitants de Castello, dont tris avaient été partisans de Mussolini et un, résistant. En 1998, ils se sont mis à construire leur théatre, de leurs main (avec Maurizio Ferraresi, lui aussi comédien déraciné). Neuf mois plus tard Le Depot – c’est son nom – était pret.  
Pour feter l’énvénement, ils ont invité des spectacles. Le premier était Teatro no, monologue d’un acteur dirigé par Armando Punzo. Il s’est donné le 8 avril 1999. Le lendemain, Armando Punzo, le voyant s’activer dans la cuisine (ils font du tourisme à la ferme), leur a proposé de créer à Volterra un spectacle qui raconte leur histoire ; ça tombait bien : ils étaient en train de travailler sur l’autobiographie. C’est ainsi que Teatro da mangiare ? est né. Certes, le spectacle  est ancore un peu frele. Mais c’est un essai, et il donne furieusement envie d’aller voir ce qui se passe dans leur vallée des reves .  ( Brigitte Salino )