da LE PETIT BOUQUET
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Le quotidien électronique de l'actualité française
No 736 - Paris, le mardi 11 juillet 2000.

« [On assiste en Tchétchénie à] un crime contre l'Humanité, c'est-à-dire
le moment où l'assassin se permet de tuer pour l'unique raison qu'on est
né. M. Milosevic n'a pas commis plus de crimes en Bosnie et au Kosovo que
Poutine en Tchétchénie et il est accusé officiellement par le Tribunal
Pénal International de la Hague. [...] J'ai vu le martyre de la population.
Il ne s'agit absolument pas d'une opération anti-terroriste mais d'une
guerre contre la population civile. On ne poursuivrait pas des commandos
terroristes avec des fusées sol-sol et de d'artillerie lourde. [...] Il y a
une résistance tchétchène. La meilleure preuve est que je me suis promené,
au nez et à la barbe du KGB, dans les territoires occupés, pendant plus
d'un mois. Les Russes ne tiennent pas le terrain. Il y a, dans la
répression russe, un côté brutal, cruel mais aussi désordonné, ce qui est
pour moi une révélation. Les différents corps d'armée ne s'obéissent pas et
se défient les uns les autres [...] J'ai compris ce qui se passe à Moscou
au vu de la Tchétchénie: il y a émergence d'un État qui se croit tout
permis, qui est le plus gros État voyou du début du 21ème siècle", a assuré
le philosophe.

André Glucksmann, qui vient de se rendre en Tchétchénie « illégalement,
avec l'aide de passeurs, de la résistance tchétchène et aussi quelquefois
par conviction et quelquefois contre rétribution, de militaires (parfois de
haut-grade) et de policiers russes », du 26 mai au 4 juillet, « après que
l'ambassade de Russie en France eut refusé de [lui] accorder un visa », a
fait part à l'AFP de ses premières impressions. Un rapport circonstancié du
combattant des droits de l'homme voyageur devrait paraître prochainement
dans Le Monde. [GhD]