da LE PETIT BOUQUET
(http://www.le-petit-bouquet.com)

Le quotidien électronique de l'actualité française
No 723 - Paris, le jeudi 22 juin 2000.

** Ce courrier vous est offert par LE PETIT BOUQUET
   et acheminé vers vous par les soins de
   par La Mission scientifique et technologique
   de l'Ambassade de France Aux Etats-Unis.


" Torture en Algérie : le remords du général Massu. " Le témoignage,
publié dans Le Monde daté du 20 juin, de Louisette Ighilahriz, militante
indépendantiste torturée en 1957 à Alger, " a suscité les réactions
opposées de deux des principaux chefs militaires français durant la guerre
d'Algérie, cités dans ce témoignage ». Le récit est contesté par le général
Bigeard. Loin de le récuser, le général Massu dit son remords : " Quand je
pense à l'Algérie, cela me désole, on aurait pu faire les choses
différemment. "

La jeune kabyle, présente au sein d'un commando de neuf personnes, est
capturée par l'armée française à Chebli en 1957. Elle est torturée
pratiquement sans interruption de fin septembre à fin décembre. " La jeune
fille a eu la vie sauve grâce à un inconnu qui, un soir, l'a examinée et
s'est écrié d'une voix horrifiée : " Mais mon petit, on vous a torturée !
Qui a fait cela ? Qui ? " Voilà la jeune fille sauvée de ses tortionnaires
et placée dans un hôpital militaire. De cet homme, elle ne garde que très
peu de souvenirs ; son nom, Richaud, son grade, commandant, et sa fonction
probable : médecin militaire. Aujourd'hui psychologue, Louisette Ighilahriz
a sa carte de résistante algérienne, mais reste handicapée motrice à la
suite de ses blessures.

" Elle cite nommément trois personnes dans le récit de son calvaire, mais
n'en met en cause qu'une seule comme son tortionnaire direct : il s'agit du
capitaine Graziani, mort dans un accrochage en Kabylie en 1959. " Les deux
autres sont le général Massu et le général -colonel à l'époque - Bigeard,
qui, précise-t-elle, lui rendait des visites à intervalles réguliers, 'à
tour de rôle, jamais ensemble, mais toujours accompagnés de Graziani'. Les
deux généraux donnaient les ordres, et Graziani faisait les travaux
pratiques. Massu reconnaît publiquement l'usage de la torture en Algérie,
mais il répond qu'il ne se souvient pas de cette histoire en particulier.
Il ajoute qu'il a très bien connu le commandant Richaud et propose d'aider
la résistante algérienne à retrouver les proches de ce dernier. On croit
rêver.
En revanche, le général Bigeard " dément tout en bloc et parle de 'tissus
de mensonges'. " Il déclare que le but de ce témoignage est 'de démolir
tout ce qu'il y a de propre en France'.
L'éditorialiste rappelle que " l'armée française a pratiqué la torture
pendant toute la guerre d'Algérie. Elle l'a fait sous les ordres, avec
l'approbation et les encouragements du pouvoir civil, notamment socialiste,
jusqu'en 1958. " Tout le monde connaissait la pratique de la torture en
Algérie. Les livres d'histoires en parlent. Alors, à quoi bon ? " C'est au
travers de récits comme celui de Mme Ighilaghiz que se fait et se refait
l'indispensable 'travail de mémoire'. "

> Stephane Bourgouin
Le Petit Bouquet (C) 2000



da LE PETIT BOUQUET
Le quotidien électronique de l'actualité française.
No 731 - Paris, le mardi 04 juillet 2000


** Ce courrier vous est offert par LE PETIT BOUQUET
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   de l'Ambassade de France Aux Etats-Unis.


« Face à ces tueurs, c'était un mal nécessaire. S'ils capturaient un
combattant français, ils lui faisaient subir les pires sévices. Qu'on ne
vienne pas nous donner des leçons. Nous, quand on prenait un colleur
d'affiche, il nous donnait le nom de son patron. Mais quand on arrivait un
peu plus haut, l'homme ne donnait plus de nom. Dans ce cas là, il y avait
la gégène. Vous savez, la machine à passer les messages. C'était fait par
l'officier de renseignement avec un médecin. Même Massu l'avait essayé en
disant : 'Allez, ça ne fait pas mal, je ne suis pas mort' [..] Sur le plan
de la torture, on était des rigolos par rapport à eux. C'était une mission
donnée par le pouvoir politique. Le président du Conseil de l'époque avait
écrit à Massu : 'Allez-y de façon très énergique'. [...] C'était
incontournable, ou alors, on avait des centaines de morts et de blessés.
Mais c'était fait d'une façon technique et la plus propre possible, voilà. »

Le général Bigeard répondait aux questions des Dernières nouvelles
d'Alsace dimanche, à l'occasion de l'inauguration dimanche d'une rue du
village de Trimbach portant son nom (sic) [GhD]
> Stephane Bourgouin

Le Petit Bouquet (C) 2000