Antonino Pennisi

Pathologies et philosophies du langage

 

"Histoire, Epistemologie, Langage", II, XIV, 1992, pp.175-201.


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"L'objet d'une grammaire des signes (...) (est une) question entièrement neuve, dont la solution jettera un jour tout nouveau sur l'origine, le mécanisme et la philosophie du langage" (Y.L. Rémi-Valade, Études sur la lexicologie et la grammaire du langage naturel des signes, Paris, 1854, p. 61).

 

1. Dans l'histoire de la linguistique la langue a toujours été considérée un objet "historique-naturel". Le point de vue naturel s'est toujours révélé le plus clair. L'étude "naturel" du langage est l'étude des ses fondements biologiques: physiologie de appareil vocal, sémiotique de la voix, processus d'apprentissage, rapport entre mécanique de la parole et structure du cerveau. La dimension "historique" du langage, au contraire, a signifié plusieurs choses. Du point de vue ontogénétique elle a signifié le rôle de l'expérience, du milieu, du contexte, dans la formation des catégories verbales. Du point de vue philogénétique elle a signifié le rôle de la tradition, de l'instruction, de la transmission des langues.

Naturellement des formes pures de linguistique, "naturaliste" ou "historiciste", ne sont jamais existés. Les deux points de vue se sont toujours rencontrés dans l'unité du sujet parlant. Mais, malgré cet équilibre, aux deux thèses n'a jamais été reconnue une égale dignité scientifique. L'hypothèse "naturaliste" a été toujours associée à un modèle sémantique déterministe qui n'a jamais renoncé à la "nomenclature", au référent dans l'activité représentative. Au contraire la thèse "historiciste" a joui d'une grande fortune, bien qu'elle ait toujours provoqué "sul versante del significante una fuga dal suono [...] e sul versante del significato una fuga dalle cose" (Timpanaro 1970: 151). Personne conteste aujourd'hui que la "créativité" linguistique dérive juste de l'élaboration "secondaire" et "culturelle" des signes, c'est-à-dire de l'historicité que les rende toujours plus abstraits et éloignés de la sensibilité primaire.

Dans ce contexte un rôle décisif a été joué par le concept de "puissance de calcul", c'est-à-dire de puissance syntaxique. En effet, seulement la syntaxe peut fournir une vrai démarcation entre sémiotique animale et sémiotique humaine. Par la syntaxe l'homme a remplacé à l'objet réel un ensemble de traits pertinents qui, en son absence, le remplacent. Par l'écriture, qui est la forme la plus complexe de syntaxe et la plus éloigné du monde sensible, il s'est débarrassé même de la présence du sujet parlant. L'iper-évaluation de la syntaxe et la dévaluation de la sémantique référentielle "naïve", a mené aujourd'hui à l'extrême une thèse illusoire de l'intelligence artificielle: l'ordinateur contient dans ses principes fondamentales la possibilité de simuler le comportement cognitif humain. Si la puissance du langage humain est liée à la syntaxe et non à la "simple" sémantique référentielle, alors le langage non-corporel de la machine est le meilleur langage humain. Le langage de la machine, en effet, peut être défini comme un mécanisme syntaxique tout-puissant, mais totalement dépourvu de sémantique référentielle, c'est-à-dire de n'importe quel rapport entre monde intérieur et monde extérieur aux signes.

 

2. La raison qui nous a mené à comparaisons de telles sortes est le fait que les deux points de vue, celui "naturaliste" et celui "historiciste", se sont rencontrés dans l'unité du sujet parlant parce que toute l'histoire de la pensée linguistique a été fondée sur le modèle du langage de l'homme dans son intégrité organique.

La question d'où naît cette recherche1 sur l'histoire des pathologies linguistiques est la suivante: que c'est-il passé dans l'histoire des réflexions sur le langage lorsqu'au lieu d'étudier l'homme dans son intégrité organique on a dû étudier l'homme dépourvu, cet-a-dire celui qui n'a pas acquis la parole ou celui qui l'a perdu?

Un tel renversement de sujet a eu d'excellents partisans. Avant tout Vico qui a fondé toute sa glottogonie sur l'hypothèse des langues muettes, les "lingue mutole". Ensuite toute la littérature du dix-huitième siècle concernent les pathologies sensorielles, à partir de Locke jusqu'à Diderot et Condillac2. Cependant, dans ces cas, il ne s'agit pas d'intérêts scientifiques, mais des métaphores philosophiques. Au contraire, la littérature clinique, d'abord sur les sourd-muets et après sur les aphasiques, a affronté consciemment ce point.

J'énoncerais maintenant -intentionnellement sous forme de provocation- la leçon globale que j'ai apprise par cette littérature clinique, médical et, en partie, philosophique: dans le domaine des pathologies linguistiques le point de vue "naturaliste" n'a pas eu une grande valeur théorique et culturelle mais il a eu une grande importance thérapeutique. Le point de vue "historique", par contre, a eu une grande valeur théorique et culturelle, mais n'a pas eu une grande valeur thérapeutique. Je choisirais maintenant deux exemples pour montrer ceci et j'en tirerais ensuite les conséquences sur le plan théorique.

Le premier exemple concerne l'opposition entre "oralistes" et "artificialistes" dans le débat sur les sourd-muets à partir de la fin du dix-septième siècle jusqu'aux premières années du dix-huitième3. Le deuxième exemple concerne l'opposition entre "localisateurs" et "unitaires" dans la doctrine sur l'aphasie, qui commence à la clôture du débat sur les sourd-muets et continue pendant tout le dix-neuvième siècle4.

Dans mon schéma les maîtres "artificialistes" des sourd-muets (c'est-à-dire les partisans de la rééducation par la méthode des signes manuels) et les savants "unitaires" de l'aphasie (qui nient les localisations cérébraux et soutiennent le fonctionnement totalisation du langage) représentent le point de vue historique et culturel. Vice-versa les maîtres "oralistes" des sourd-muets (qui estiment indispensable la réadaptation des sourd-muets au langage parlé) et les "localisateurs" (qui considèrent l'aphasie en tant que dépendant d'une lésion provoquée en des centres cérébraux précis du langage) représentent les "naturalistes". Voyons en bref ces deux points de vue.

 

3. Les maîtres artificialistes des sourd-muets et les unitaires dans la doctrine de l'aphasie partagent, avant tout, l'idée que la dimension biologique du parlant ne constitue pas une pré-condition théorique sur laquelle fonder les méthodes de rééducation et de thérapie. Dans les détails ils ont en commun:

1) une méthode sémiotique qui se fonde sur la syntaxe et qui dévalue la phonétique et la dimension référentielle de la sémantique;

2) un modèle psychologique de l'intelligence qui englobe le langage dans la pensée et les facultés senso-motrices et "corporelles" dans les facultés cognitives et de "calcul";

Suivons maintenant le schéma des argumentations utilisées.

3) un modèle pragmatique fondé sur la dimension politique-social (dans le sens le plus large) de la communication.

Les maîtres artificialistes des sourd-muets distinguent entre articulation parlée du langage et langage en tant que faculté sémiotique générale. La parole ne "fait" pas, par elle-même, du langage. En parlant des sourd-muets réadaptés par les oralistes, les artificialistes utilisent des métaphores comme "demi-automates", "machines parlantes", "perroquets" (Sicard 1814: 5). Selon les artificialistes les manifestations de parole ne sont pas langage dans le sens total du mot. Sicard, par exemple, oppose le langage concret et sensible des besoins matériels au langage "des signes des opérations de l'intelligence" (Sicard 1814: XVI), c'est-à-dire des idées abstraites. À ce langage de la pensée s'adresse la rééducation à l'aide de l'alphabet muet et la substitution du code oral par le code du signe. De telle façon on dresse la vue à accomplir le travaille qui normalement est exercé par l'ouïe, et le gestuel à faire fonction de organe "vocal".

Aussi, pour les unitaires dans l'aphasie, le langage n'est pas une unité global qu'il-y-a, ou qu'il n'y-a-pas. La perte de la parole ne touche pas toutes les formes de langage. Il-y-a un langage supérieur, volontaire, dépendant de la pensée "de calcul", avec lequel nous représentons des catégorisations et des abstractions. Il-y-a aussi un langage inférieur, automatique, dépendant de la perception et de la sensibilité, avec lequel nous représentons des états d'âme, des objets concrets, des dispositions affectives, des formules syntagmatiques stéréotypées. H. Jackson, l'un des pionniers des unitaires, en contestant la doctrine de Wernicke des "centres" du langage qui conservent le trésor de la langue (Wortschatz) évoqué par les "images des sons" (Klangbild), rapporte l'expérience des patients incapables d'"évoquer" volontairement un terme, mais très libres dans la prononciation du même terme lorsqu'il manque le contrôle de la volonté. C'est le cas d'une aphasique âgée à laquelle on a demandé le nom de sa fille et qui, après une demi-heure de désespoir en essayant de s'en souvenir, s'écrie: "Ah, ma pauvre petite Jacqueline, je ne sais même plus ton nom!" (Alajouanine-Mozziconaci 1947-8: 47).

Ce cas, très commun, montre qu'il n'y a pas un "dépôt" ou "centre" linguistique dans lequel le malade "repêche" les paroles, et qui a été effacé par l'aphasie. Les paroles sont toujours là; l'aphasique ne les a pas "perdues". Il a perdu l'activité supérieure qui lui permet volontairement de les récupérer dans l'exercice de ce que Jackson appelle "capacité de propositionner" (to propositionize)5. Dans l'aphasie on perd, donc, la partie la plus consciente et la plus "abstraite" du langage, tandis que demeurent des lambeaux de langage automatique, inconscient. On conserve les fonctions les plus "élémentaires" du langage. On recule aux niveaux infantiles, au langage émotif (le juron, les obscénités), ou aux phrases de la première langue, comme dans le cas de jargonophasie6, dans laquelle demeure seulement le patois natal.

Donc artificialistes et unitaires considèrent "vrai langage" seulement les formes complexes et organisées de discours qui témoignent l'unité consciente de l'individu pensant. Le langage est un "fait de haut niveau" de nature "mentale" qui n'a rien à faire avec "la faculté mécanique de la parole", pour utiliser la terminologie d'un guérisseur artificialiste de sourd-muets (Bébian 1817: 13-14), qui ensuite a été confirmé et théorisé par Jackson7.

Cette "faculté mentale" complexe et haute (opposé à la pensé inférieure, selon la formule de Jackson: "inferior speech and inferior comprehension") qui produit des activités de représentation à travers le langage, préexiste au langage même, et se représente en tant que activité symbolique générale qui on peut exercer par quelconque système complexe de signes. Elle se fonde sur la notion d'arbitraire radical du signe qui est l'un des fondements des instructeurs artificialistes des sourd-muets8. La raison pour laquelle la voix peut être remplacée sans rien perdre (ou plutôt, quelques fois, en gagnant quelque chose sous le profil de l'abstraction et de la précision9) avec un langage complètement "artificiel" est que, écrit De L'Epée, "comme il n'est aucun mot qui ne signifie quelque chose, il n'est aussi aucune chose [...] qui ne puisse être expliquée clairement par une analyse composée des mots simples" (1784: 12). Donc, dans l'hypothèse des artificialistes, la complexité du "langage propositionnel", "élevé" et "abstrait", se réalise uniquement dans le domaine de la syntaxe. L'abstraction est possible, en effet, seulement parce qu'elle agit sur des relations, sur des combinaisons et sur ses hiérarchies, mais n'agit pas sur les objets10.

On relève le même modèle théorique parmi les partisans de la doctrine unitaire de l'aphasie. H. Jackson voit dans la syntaxe la véritable démarcation entre ce qu'il appelle "langage intellectuel", capable de faire de l'abstraction et de construire des propositions, et le "langage émotionnel" qui consiste à montrer des simples perceptions (Jackson 1868: 59)11. Artificialistes et unitaires convergent encore lorsqu'ils considèrent la forme syntaxique du langage une conséquence de l'inclusion d'une forme accidentelle de pensée, qui est le langage, dans la pensée-pensée, qui est l'intellect de calcul. De cette façon Bébian, pour les artificialistes, soutient que "la pensée précède nécessairement dans l'esprit les signes quelconques destinés à l'exprimer" (1817: 23). Et K.Goldstein, pour les unitaires, estime qu'à l'intérieur du langage "il y a déjà une organisation, un ordre grammatical non verbal, une grammaire de la pensée [qui] ce révèle dans l'ordre syntaxique" (Goldstein 1933: 297)12. Selon J. Lordat, premier fondateur de la doctrine unitaire de l'aphasie, même "on peut penser, combiner des choses abstraites, les bien distinguer sans avoir aucun mot pour les exprimer" (Lordat, 1843: 142). Jackson soutient, enfin, que "la proposition peut être considéré le rêve d'une opération préexistant à l'opération même" (Jackson 1879-80:168).

Le profil précis de l'idée de langue de l'"historicisme" pathologique prévoit, donc, un rôle minimal du langage. En l'absence d'indices physiologiques précis et d'un même statut gnoséologie caractéristique de la parole parlée, le langage est entièrement réabsorbé à l'intérieur d'une structure "mentale" indéfinie, ou mieux définie seulement par le tout qui "se tient" de façon autarcique. Cette est, d'ailleurs, l'idée de fond qui inspire la gestalt-position globaliste de K. Goldstein (1934)13.

 

4. Considérons maintenant les positions des naturalistes. Les précepteurs oralistes des sourd-muets et les partisans des localisations cérébraux des dommages aphasiques, partagent l'idée que le langage parlé est une caractéristique spécifique de l'individu biologique, et qu'il détermine les moyens et les limites mêmes de construction de l'univers cognitif du parlant. Dans le détails ils ont en commun:

1) un modèle sémiotique fondé sur la phonétique et sur la dimension référentielle de la sémantique;

2) un modèle psychologique de l'intelligence orienté sur l'intégration fonctionnelle entre les facultés et les structures senso-motrices et linguistique-cognitives;

3) un modèle pragmatique fondé sur la sémiotique de l'oral en tant que fondement de communautés linguistiques tout à fait intégrées (c'est-à-dire non subdivisées en pédagogies ou parlants "spéciales").

Voyons maintenant le schéma des argumentations utilisées.

Il-y-a une critique cruciale que les oralistes adressent aux artificialistes: si la nature de la complexité linguistique est syntaxique, et si la définition même de signe prévoit une identification de l'objet grâce à une combinaison des traits pertinents, alors aussi la réalité externe aux signes ne serait qu'une combinatoire de signes sans cesse.

Par conséquent la complexité si étalée par les artificialistes (et par la doctrine globaliste de l'aphasie) ne peut pas ressortir que d'une somme de prédications de l'objet: mais - observe (Deschamp, 1779) on peut multiplier et étendre l'aire du prédicable d'un signe sans toutefois arriver jamais à connaître la "réalité". De même que Locke dans son Essay s'efforçait de montrer qu'aucune combinaison arbitraire de signes linguistiques peut arriver à faire comprendre à un aveugle la signification du terme "écarlate", ainsi aucune sorte de sémantique combinatoire peut arriver à "photographier" le sens dernier du monde extérieur:

 

dans les besoins naturels [les sourds-muets instruits par la méthode des signes] - écrit Deschamps - peuvent peindre les idées sensibles [...]. Sortis de cette sphère bornée [...] pour l'expression d'une seule parole, il vous faudra une périphrase de signes. Peut-on regarder, donc, comme richesse d'une langue la nécessité de recourir sans cesse à des circonlocutions pour suppléer à la dénomination simple d'une chose ? (1779: 18-19).

 

Pour apprendre le terme "Dieu", par exemple, l'artificialiste devrait circonscrire un nombre limité de traits: que Dieu est l'être par excellence, qu'il a fait toutes choses, qu'il réunit toutes les perfectionnes. Donc l'artificialiste commença en montrant le ciel ou Dieu habite, les objets qu'il a crées, etc. Pour autant qu'il avance et la définition se complique jusqu'à l'excès, cette sorte de procédé fondé sur exténuation de la fonction prédicative, le sens de l'objet ne serait jamais clair et le sourd-muet instruit de telle sorte "ne comprendrait pas davantage sa nature et sa manière d'être" (Deschamps, 1779: 20).

Nous sommes ici au coeur du débat: la conception sémiologique de la parole humaine peut-elle renoncer au rôle gnoséologique exercé seulement par la "voix" en tant que condensation irréversible d'un savoir "naturellement" spécifique et non-remplaçable ? Et si elle arrive à y renoncer, la connaissance produite aurait-elle le "caractère concret" et la "complexité" du langage humaine né à partir de la voix?

Pour les maîtres oralistes la réponse est négative. Sans la parole parlée, n'est plus possible la perception du "concret", fondement "bas" d'une gnoséologie quelconque. Pour les oralistes le langage vocal n'est pas seulement un instrument de communication des signes conventionnels, mais est aussi la condition pour laquelle un organisme humain, dont la structure morphologique et dont les limitations biologiques sont tracées du debout, développe, à travers un training de procédures sensorimotrices et "culturels", ses moyens d'appréhension, de personnalisation et surtout de "concrétisation" des apparats cognitifs, mnémoniques, émotionnels et opérationnels:

 

Il n'est aucune faculté dans nous qui porte un caractère de vie plus marqué que celle de parler [...]. C'est dans la voix [...] que réside cet esprit de vie que nous anime [...] elle est l'interprète du coeur, le signe des passions et de la concupiscence" (Amman 1700: 233).

 

Donc le problème n'est pas de se comprendre par l'intermédiaire d'une signalisation plus ou moins traduisible par quelconque moyen de convention. La convention saute, en fait, le moment de la genèse, et celle-ci a besoin de la voix presque comme d'un autre sens adjoint. Par conséquent instruire les sourd-muets ne peut signifier que les réadapter à la parole en parcourant, à travers la méthode la plus mécanique, l'itinéraire génétique qui conduit au comportement le plus spirituel.

Le terme "réadaptation" suggère le retour à l'origine naturel de l'apprentissage linguistique, c'est-à-dire au niveau de formation des synergies les plus élémentaires du processus sémantique. Soit Pereire, soit Ernaud, soit Deschamp et Amman lui-même, toute l'école des oralistes, considèrent fondamentale, dans le sourd-muet adulte, la reproduction de l'état d'installation des mécanismes physio-psychiques parmi lesquels chaque son physique devienne "sens" de quelque chose qui est au dehors des ces mêmes sons. Pour cette raison ils s'appliquent dans la manière la plus mécanique à "refaire" le chemin de la voix dans le sourd-muet: ils s'inventent phonéticiens, étudient et décrivent minutieusement l'apparat vocal, le rôle des cordes "vibrants", lesquelles peuvent être "transmises" parmi le toucher au sourd-muet; les conformations des traits buccales dans l'activité de prononciation des sons, qui peut être "vue" par le sourd-muet. Amman invente la méthode du miroir placé devant l'élève: par le miroir les formes physiques des sons peuvent être brutalement "imitées". Après il appuie la main du sourd-muet sur sa propre gorge pendant qu'il prononce les sons sonores. Le sourd-muet reçoit le tremblement de la phonation qui s'est passé et celle-ci peut être reproduit, elle aussi "mécaniquement", sans "s'écouter", mais en sachant qui a été dite quelque chose qui est au dehors, puisque l'autre comprenne et agit par conséquence.

Bien que dans un contexte complètement différent, la doctrine des localisateurs dans l'aphasie reproduit aussi un mécanisme sémantique très simple, quelque fois brut jusqu'à la limite, mais efficace dans ses projections thérapeutiques. Le schéma des argumentations des traités associationnistes, en vogue jusqu'aux premiers années du vingtième siècle, se présentait, donc, avec une série de points fixes (Ballet-Lavastine, 1913: 64):

1) l'homme tire toutes ses idées par les sens, comme l'ont enseigné d'abord Locke et ensuite Condillac. L'idée n'est qu'un ensemble de sensations apprises par l'objet, intériorisées et organisées dans le système cognitif du sujet;

2) le signe linguistique est une entité sémiotique qui condense dans un noyau unitaire les traces séparés des différents centres sensitifs. Il se représente comme une image désormais indépendante des sensations qui demeure à l'intérieur d'un centre autant spécifique que les centres sensoriels;

3) l'image du signe peut être évoquée - indépendamment - soit par une identification primaire (Wernicke), activée par le même sens qui a produit la condensation sémiotique, soit par une identification secondaire (ib.), c'est-à-dire intellectuel, désormais décroché de l'impulsion extérieure et produite par le souvenir verbal;

4) les images des signes et les objets primitifs se rapportent par un système des connexions. Ceci intervient sur demande volontaire engendrée par une pulsion communicative quelconque;

5) "centres" et "connexions" ont une réalité phénoménique extérieure, observable dans le comportement linguistique, et aussi une réalité physiologique intérieure observable dans les hémisphères cérébraux;

6) la rupture des centres ou des connexions peut porter à une amnésie verbale, c'est-à-dire à la conservation de l'image avec perte de la parole. C'est dans ce cas qu'on parle d'aphasie.

Dans cette représentation naïve est contenu tout le positif et tout le négatif de l'hypothèse des localisateurs. Ce qui a rendu et rende encore forte l'hypothèse de Gall -père de tous les localisateurs - est, pour utiliser l'expression de Lantéri-Laura, la nature "sémiologique" de son modèle épistémologique (1970: 206). C'est-à-dire l'idée que à un signifiant déterminé - comportement ou tendance - corresponde un signifié de nature physiologique aussi bien déterminé - le lieu ou le siège dans lequel réside la faculté. Elle peut s'exposer, comme il s'est passé dans ses réalisations concrets, à de graves débâcles empiriques sans, toutefois, mettre jamais en crise la légitimité de l'aspiration à trouver le réalisations correctes. On pourrait dire que ce modèle épistémologique n'est pas, en fait, falsifiable. Mais les tentatives faites pour relégitimer ce modèle, en modifiant les conditions matérielles des expérimentations, ont produit, du point de vue thérapeutique, des connaissances concrètes, des "faits", dont l'interprétation n'est pas encore certainement convaincant, mais que, au moins, attend à être démentis14.

 

5. À la fin de cette synthèse des différentes positions, on ne peut pas négliger de faire un bilan des résultats qui est totalement au bénéfice des naturalistes.

Comme on l'avait dit d'avance sous forme de provocation, les maîtres artificialistes de sourd-muets et les unitaires dans la doctrine de l'aphasie - même s'ils ont écrit des pages parmi les plus intéressants et les plus stimulants de l'histoire de la philosophie du langage - ont irrémédiablement perdu le match clinique contre des adversaires plus "bruts", mais plus "efficaces".

Les partisans de la méthode des signes furent entraîné par les oralistes lors du célèbre Congrès de Milan (1880). Ils fûrent défaites surtout parce que après une première phase qui avait vu dominer De L'Epée - qui était plus thérapeute que "philosophe" - suivit l'époque du "prince de la syntaxe" (Cuxac 1983: 54) A.C. Sicard qui avait élevé la traitement des sourd-muets à vraie philosophie linguistique15. De telle façon il finit en s'enlisant dans un véritable labyrinthe syntaxique trop peu "concret". Le reconnaît explicitement aussi A.Bébian, lequel définit l'oeuvre de Sicard: "une véritable analyse où tout est expliqué" (1817: 46) mais dans laquelle "[on] s'eloigne du langage des sourde-muets, de la portée de leur intelligence et de la manière habituelle d'opérer de leur esprit" (ib.).

Les unitaires dans la doctrine de l'aphasie ont constitué un barrage critique contre les excès des localisateurs, mais ils n'ont contribué d'aucune façon au progrès des connaissances scientifiques sur l'aphasie16.

Néanmoins, il faut encore considérer que De L'Epée et ses disciples ont rendu le problème des sourd-muets un problème institutionnel: si aujourd'hui la rééducation de sourd-muets est considéré une de partie de la pédagogie normale, cela c'est le mérite d'une méthode qui avait fait de la socialité du langage un fondement théorique - même si extérieur de l'activité thérapeutique. Et remarquer cela est important, pas tant pour conférer des mérites que l'histoire de la pédagogie a déjà accrédité aux artificialistes, mais pour souligner que parmi toute la complexe construction philosophique des instituteurs des alphabètes manuels pour sourd-muets, la seule vérité thérapeutique était justement la dimension sociale de la question de la langue. Les extraordinaires progrès accomplis dans les écoles de rééducation de De L'Epée ne dépendaient pas par la théorie de la méthode des signes, mais par le fait que dans les écoles artificialistes le rapport entre la classe des sourd-muets e l'instituteur - différemment de ce qui se passait dans le froid rapport face-to-face entre l'oraliste et chacun des sourd-muets - mettait au premier plan la nécessité dialogique collective, on dirait "politique" pour utiliser un'expressione forte, déjà capable, pour elle même, de rétablir les mécanismes de la communication.

D'une manière analogue il faut reconnaître à des cliniciens comme J. Lordat, H.Jackson, K. Goldstain (et d'autres globaliste) qui - au-delà de l'efficacité thérapeutique des leurs oeuvres - ont fondé une philosophie des pathologies linguistiques sur l'unité de l'individu et sur la récupération globale de leur dimension intellectuelle et humaine, en détruisant la fausse image de la clinique qui gagne sur les "dommages circonscrits" et sur l'homme subdivisé et renfermé dans les impasses non communicables de l'anatomie pathologique.

 

6. Nous voilà, donc, aux vainqueurs et surtout aux raisons qui m'ont poussé à en remarquer les résultats. Le "résultat" thérapeutique du débat pathologique est important parce que la philosophie du langage n'a pas l'habitude de réfuter ses propres conjectures. Ce résultat est arrivé à émerger parce que dans le débat pathologique vient à manquer la condition de l'intégrité de l'individu sémiotique. Ce fait a montré les insuffisances de l'idéalisme implicite de la plus part des traditions philosophique-linguistiques. L'insuffisance la plus sensationnelle me semble celle d'avoir exclu l'étude du langage du domaine des sciences naturelles. Et cela non parce que la philosophie du langage devrait s'occuper de la langue à travers les techniques, le lexique et les méthodologies des sciences naturelles, mais parce qu'il-y-a toute une sémiotique et une philosophie internes à la dimension naturelle du langage qui doivent devenir explicites avant de remettre la langue à l'histoire.

Ici l'élément le plus délicat me semble celui des phases génétiques de l'apprentissage linguistique. Sur ce thème la leçon des neuro-sciences semble très important. Je me réfère en particulier aux études sur les "dévastations" de l'hémisphère droit et des pathologies du "concret", qu'ont montré la justesse des intuitions des naturalistes. Dans ces études on a analysé pour la première fois des individus qui ont perdu la faculté référentielle mais qui ont conservé toute la puissance de l'intellect syntactique et de calcul.

La souche des ces études est le pionnier des localisateurs, J.M. Charchot qui, en étudiant un syndrome appelé "cécité verbale" (Küssmaul), observa le cas d'un marchand viennois qui avait perdu le renversement visuel des objets et, même s'il arrivait parfaitement à les voir, il n'en posséda seulement la réalité syntactique, de définition, de pertinence. Chez ce sujet les rêves mêmes n'étaient que des combinaisons de mots sans aucune image: "en me manquant absolument le sens de la représentation intérieure, mes rêves se sont également modifié. Aujourd'hui je rêve seulement paroles" (Charcot 1833: 187-8).

Un cas analogue de patient qui est tout syntaxe, est celui qui est devenu célèbre grâce aux livres de O. Sacks. Il souffrait d'une forme d'agnosie qui lui empêchait la "vision directe des choses" (Sacks 1985: 33). Par exemple il était en mesure de définir les formes et les fonctionnes d'un gant, d'en décrire minutieusement la structure, d'en imaginer les possibilités d'usages. Néanmoins il n'arrivais pas à "le reconnaître", à affirmer "ceci est un gant":

 

"il fonctionnait exactement comme une machine, un ordinateur, en se servant des caractéristiques clef et relations schématiques. Il savait faire l'identikit de la structure sans n'en saisir aucunement la réalité" (1985: 33)

 

Plus récemment les études expérimentales de l'école de Goldberg ont revu, sur la base de l'analyse de formes différents de langages humaines verbales et non verbales, le rapport qu'existe entre l'hémisphère gauche et l'hémisphère droit dans la formation des processus sémiotiques. Les conclusions de Goldberg suggèrent l'idée d'un processus diphasé de l'apprentissage sémiotique: pendant une première phase dans laquelle n'existe encore une acquisition "sémantique", un lexique référentiel, c'est l'hémisphère droit qui agit et qui avance par tentatives vers l'exploration de situations "nouvelles"; dans un deuxième moment, après qui à été fixé l'"impositio nominum", la relation réferéntielle ostensive de façon banal, le contrôle sémiotique passe à l'hémisphère gauche qui agit à travers les procédés syntactique et de calcul traditionnels et expérimentés17.

Une coopération des hémisphères de cette sorte a été déjà observé par Jackson. En analysant des patients atteints d'agraphie, il avait observé qu'ils ne trouvent aucune difficulté à recopier un texte imprimé, bien qu'ils n'arriverons jamais à écrire aucun de ces mots sous dicté ou spontanément. En définitive dans l'écriture spontanée demeure l'inhibition syntactique à "propositionner" de l'hémisphère gauche, mais non celle "référentielle" et "perceptive" de reproduire le signe écrit par l'hémisphère droit.

Charcot, en étudiant l'alexie, avait rencontré des sujets qui lisaient bien seulement ce qu'ils écrivaient (Charcot 1883: 163). Bref les malades de Charcot lisaient seulement s'ils pouvaient reconstruire à reculons le processus référentiel et perceptive de l'écriture "par une sorte de souvenir du mouvement des doigts nécessaire pour tracer les mots" (Gendrin 1838, t. I.: 432).

Cettes expériences, parmi d'autres, mûries à l'intérieur de l'observation clinique, ont démontré qu'en séparant ce qui en général est uni dans le processus sémiotique ordinaire, revient toujours le rôle irremplaçable du composant perceptif et senso-moteur: ce qui Sacks - en évoquant Kant - appelle "jugement: première faculté d'une vie et d'un esprit supérieur, ignoré par la neurologie classique ou de computation" (1985: 40).

 

7. Comme dans toutes les formulations paradoxales, aussi bien dans cette interprétation "kantienne" de Sacks se cachent des vérités et des faussetés. La vérité est que, ainsi qu'une "neurologie classique ou de computation", même une linguistique, une sémiotique, une philosophie du langage "classiques ou de computation" ont sous-évalué le moment du "jugement". Dans le langage il est représenté par le rapport référentiel avec l'univers extra-linguistique. Sa correcte évaluation oblige à reconsidérer le rôle de la voix et de l'apprentissage des synergies phonétiques qui incarnent l'instant dans lequel la perception commence à devenir signe, idée, concept. Au contraire la fausseté se cache dans l'idée qu'il suffit mettre à nu le fondement premier de chaque sémiotique pour expliquer totalement la théorie du langage. En effet, on peut toujours objecter - et voilà la grande leçon des pathologie du langage - qu'on peut parler aussi sans voix, même que sans ouïe, sans vue et, peut-être, aussi sans toucher. Nous sommes ici face à la revanche du coté historique-culturel du langage. Bien qu'il soit très simple citer des centaines de communauté de sourd-muets qui on appris la langue de signes - le peuple transnational des signants - aucun exemple de cette revanche peut être mieux que l'histoire de H.Keller18, la célèbre aveugle-sourd-muette qui appris non seulement à communiquer par plusieurs langues, mais fut aussi un très bon écrivain.

De cette "plasticité" de la fonction sémiotique, toutefois, la philosophie du langage a souvent profité pour relancer son congénital refus du naturalisme linguistique. Cassirer, par exemple, interprète le cas de H. Keller avec rigidité anti-empiriste. Il nivelle tous les systèmes des signifiants matériels en exaltant seulement la fonctionne symbolique (1944: 95-6). Cette thèse, qui semble irréprochable, devrait expliquer toutefois une série des faits montré par la littérature sur les sourd-muets, et, surtout, par la littérature des sourd-muets. J'essayerai de les énumérer synthétiquement:

 

a) Dans touts les écrits des sourd-muets, et de façon plus évidente chez les aveugle-sourd-muets, émerge évidement la situation de contrainte à l'abstraction à laquelle sont obligés ceux qui parlent des langues artificielles.

Désloges, un sourd-muet du dix-huitième siècle instruit par la méthode des signes, décrit ce langage comme "une définition perpétuelle des idées qu'on y exprime" (1770: 56). La réalité sensible est visible par les signes manuels "comme à travers une glace transparente" (ib.: 57). L'abbé Carton, instituteur des aveugle-sourd-muets, définit le langage tactile une "synonymie toujours incomplète" (1840-41, t.II.: 138). Des jugements analogues sont répétés constamment par Saboureaux de Fontenai - célèbre aveugle-sourd-muet qui passa d'une instruction des signes à l'oralisme de son maître Pereire -, par aveugle-sourd-muets comme Laura Bridgman19, par Helen Keller qu'éprouvait "un besoin impérieux d'émettre des sons articulés" (1902-08: 84), et qui écrivait: "celui qui doit s'en tenir uniquement à l'alphabet manuel éprouve toujours une sensation de contrainte. Je l'éprouvais, très forte, et j'avais la perception nette que quelque chose me manqué qu'il me faudrait acquérir" (id.: 85).

 

b) Dans cette condition de coaction à l'abstraction, les sujets ont la sensation de procéder dans un labyrinthe des définitions sans jamais trouver la porte des "choses".

H. Keller, qui été passée de la perception labiale de l'existence du langage, à la construction de rapports tactiles entre objets et conformations buccales, à l'épellation digitale des lettres, pour arriver, enfin, à la lecture en relief, à un moment donné, a la certitude que le langage artificiel auquel est obligée, est devenu une véritable prison sémiotique: les livres en braille étaient devenu son nouveau apparat sensoriel:

 

je ne sais jamais trouver la démarcation entre mes idées propres et celles que j'ai puisées dans les livres. Cela provient de ce que tant de mes impressions ne sont arrivées à moi qu'après avoir frappé, d'abord, les yeux et les oreilles des autres [...]. Ce que j'ai lu a fini par devenir la substance même et, si je puis dire, la contexture de mon esprit (id.: 92).

 

c) Tous les sujets cités jusqu'ici décident, à un moment donné, spontanément, de sortir de la cage des signes manuels en apprenant le langage parlé.

Le sens de vie que l'handycap sensoriel lui a nié, et que les langages artificiels n'ont pas su lui rendre, est cherché par H.Keller dans la voix qui constitue son dernière choix:

 

pouvoir s'exprimer en paroles rapides, comme ailées, qui ne réclament aucune interprétation, n'est-ce pas là un don inestimable ? Tandis que je parlais, il me semblait que vibraient dans mes mots des pensées heureuses que mes doigts n'eussent jamais pu exprimer"(id.: 87).

 

Nous arrivons ainsi à la fin d'un parcours tortueux: les pathologies ont obligé les dépourvus à se créer un système artificiel de communication; prisonniers de ce schéma complètement "abstrait", et avides de "tangibilité", les dépourvus eux-même ont fait le possible pour reconquérir celle que Amman appelait "la vie" de la voix. Il faut chercher la raison de ce chemin tourmenté dans la double nature du langage humain d'où est née notre discussion: d'une part il est instrument de calcul sémiotique neutre et arbitraire; de l'autre il est véhicule d'affirmation d'une cognitivité complexe, concrète et, du point de vue génétique, "rapide et ailé". Ces caractères déterminent une phénoménologie linguistique apparemment libre, mais en réalité, rigidement déterminé. Voilà la raison pour laquelle les dépourvus sensoriels qui ont voulu s'élever vers les formes de totale émancipation de la pensée créative et rationnelle ont enfin choisi de se replonger dans le langage parlé par un énorme travail mécanique. La réponse que nous avons cherché de proposer ici est la suivante: bien que le versant signifiant et matériel de la fonction symbolique - selon l'expression chère à Cassirer - soit certainement secondaire au "calcul" sémiotique-intellectuel, ce dernier n'existe pas abstraction faite de la structure de l'organisme bio-psychique de l'homme. Ceci signifie que les tentatives de séparer les faculté de calcul des autres instruments d'apprentissage et de perception - et ceci peut arriver seulement en gardant à l'univers des dépourvus sensoriels et à l'univers des machines - se révèlent dans la pratique absolument impossible: l'objet langue est vraiment une entité inséparablement et par définition "historique-naturel".

 

Notes

1 Cfr. aussi Pennisi (1988, 1989, 1990). En train d'être publiée le livre: Segni di un Dio minore. Patologie linguistiche e Intelligenza Artificiale tra teoria e storia.

2 Sur l'aphasie ont écrit même des philosophes comme Maine de Biran (1805, 1810, 1812, 1818); Bérgson (1889-96); Cassirer (1923); Merleau-Ponty (1945, 1949) et des linguistes comme Jakobson (1944); Badouin de Courtenay (1885); Benveniste (1962, 1966/b); De Saussure même (1908). Plus récemment cfr. Oléron (1978); Dubois (1967); Blumstein (1973); Blumstein-Goodglass (1972, 1973); Goodglass (1976); Goodglass-Hunt (1958); Goodglass-Maier (1958); Goodglass-Quadfasel (1964); Kremin-Goldbloom (1975); De La Lastra-Vives (1981); De Villiers (1974); Lesser (1978); Mounin (1967); Penfield-Roberts (1950, 1959, 1963); Sabouraud-Gagnepain-Sabouraud (1965); Tissot-Mounin (1973); Heçaen-Angelergues (1965); Lecours-Lhermitte (1979); Tissot (1966); Zurif (1976); Zuriff-Caramazza (1972).

3 Cfr. pour les oralistes: Amman (1692, 1700, 1740, 1740/a, 1770/b); Ernaud (1749); Pereire (1749, 1749/b); Deschamps (1779). Pour les artificialistes: de l'Epée (1776, 1784, 1783, 1785); Bébian (1817, 1827); Sicard (1802, 1808). Des positions intermédiaires chez Wallis (1653); Valade Gabel (1857, 1894); Remy Valade (1854); Fournié (1868, 1874). Pour l'histoire des sourds-muets cfr. De Gérando (1827); Ferreri (1917); Furgon (1957); Bouton (1984, 1984/b); Cuxac (1983); Lane (1984/a); Gessinger (1989). Théoriquement important Sacks (1989).

4 Cfr. pour les localisateurs: Gall (1810-19); Bouillaud (1825, 1839); Broca (1864); Charcot (1883, 1884, 1885, 1885-90); Bernheim (1900); Wernicke (1874); Lichteim (1885). Pour les unitaires: Lordat (1842); Trousseau (1864); Marie (1922/a); Moutier (1908); Jackson (1868, 1879-80, 1931); Grasset (1876, 1884, 1904, 1907); Head (1915, 1926); Surbled (1906); Freud (1891); Goldstein (1933, 1948). Des positions intermédiaires chez Alajouanine (1968); Alajouanine-Mozziconaci (1947-48); Alajouanine-Sabouraud-Ribacourt (1952). Pour l'histoire de l'aphasie cfr. Quercy-Bayle (1940-41); Riese (1954, 1955, 1959); Bay (1969); Alajouanine (1954); Benton (1964); Benton-Joynt (1960); Joynt (1964); Boller (1978); Critcley (1964); Geschwind (1964); Heçaen-Dubois (1969). Théoriquement importants Ombredane (1950); Ombredane-Alajouanine-Durand (1939); Pick (1907); Paivio (1971); Sacks (1985); Lurija (1974, 1965).

5 "Loss of speech is, therefore, the loss of power to propositionize. It is not only loss of power to propositionize aloude (to talk), but to propositionize either internally or externally" (Jackson 1879-80/1: 113).

6 Cfr. Lecours-Signoret (1981).

7 "It is well to insist again that speech and words are psychical terms; words have of course anatomical substrata or bases as all other psychical states have. We must as carefully distinguish betwixt words and their physical bases, as we do betwixt colour and its physical basis: a physical state is always accompanied by a physical state, but, nevertheless, the two things have distinct natures. Hence we must not say that the 'memory of words' is a function of any part of the nervous system, for function is a physiological term" (Jackson 1879-80/1: 114).

8 "Il n'existe aucune connexion naturelle entre les lettres et les syllabes, ni entre les mots et les sons. Les lettres ou les syllabes ne représentent pas plus par elles-même et naturellement les sons que les sons ne représentent par eux mêmes et naturellement les lettres et les syllabes. Leur connexion provient des conventions faites par les hommes d'une même nation [...]. De ce qui ni les lettres, ni les syllabes, ni les mots, ni les sons ne peuvent, indépendamment d'une convention arbitraire, représenter les idées, il est manifeste que les mêmes choses ont des noms différents dans les divers pays du monde, et que, de plus, là où elles ont les mêmes noms, ces noms ne s'écrivent pas de la même manière, se prononcent différemment, et donnent des sons divers que ceux qui les entendent doivent prononcer d'une tout autre manière" (De L'Epée 1783: 51).

9 Cette idée est exposé en détail par Bébian (1817) qui, en discutant l'analogie "entre le geste et la subtilité de la pensée" (49), peinte le langage parlé comme un instrument sémiotique toujours concret et presque corporel qui exige des efforts de métaphoritation continue. "Au contraire [...] le langage des gestes a moins besoin de métaphore que la parole même, puisqu'il est constant que dans toutes nos langues, il n'y a pas un seul mot abstrait qui n'ait d'abord servi à désigner un objet sensible" (50). Les signes manuels sont favorables aux "enchaînements" des idées parce que ils sont exclusivement "relatifs à l'entendement" (51) et produisent des notions claires comme la "dénomination chimique" (55). Selon Bébian le sourd-muets utilisent, donc, un univers des signes totalement abstrait et mental. Dans le langage parlé "au milieu du vague des mots, qu'on ne corrige pas entièrement par les définitions, puisqu'elles sont formées elles mêmes de mots, quelquefois non moins indéterminés; on s'égare en discutant, on se cherche sans se rencontrer" (54). Au contraire les signes manuels produisent "l'évidence d'un fait incontestable" (54) parce que le sourd-muet raisonne exclusivement par rapports et relations ("ce n'est qu'en rapprochant un objet de tous ceux qui lui ressemblent, et en les comparant avec eux sous tous les points de vue, qu'on parvient à connaître ce qui le distingue au milieu de tous les autres. C'est la comparaison qui donne des notions précises, c'est la comparaison qui produit des signes exacts. Le signe suit l'idée comme son ombre; il en est la représentation fidèle" (55). Le sourd-muet, donc, comme - on disait aujourd'hui - une machine intelligente, est plus habile dans le comportement abstrait que le parlant normal: "je pense donc que si ce langage a quelque supériorité, c'est surtout pour l'exposition des actes de l'entendement" (54).

Condillac fournira l'aval philosophique à cette thèse des artificialistes: "l'instituteur des sourds et muets de Paris [De l'Epée] a fait du langage d'action un art méthodique aussi simple que facile, avec lequel il donne à ses élèves des idées de toute espèce, et j'ose dire des idées plus exactes et plus précises que celles qu'on acquiert communément avec le secours de l'ouïe [...] Il les conduit donc des idées sensibles aux idées abstraites, par des analyses simples et méthodiques, et on peut juger combien son langage d'action a d'avantages sur les sons articulés de nos gouvernantes et de nos précepteurs" (1755: cit. in Alard, 1881: 4).

10 "La faculté de penser n'est autre que la faculté de percevoir des rapports. Quand nous parlons, c'est ordinairement pour exprimer des rapports saisis par l'esprit entre des objets déjà connus. Il est donc superflu de décrire ces objets, comme si on avait à les faire connaître; il suffit de les désigner avec précision. Si on retraçait toutes les circonstances qui peuvent servir à les peindre, on obscurcirait la pensée, en détournant l'attention sur des choses accessoires ou étrangères à l'idée principale"(Bébian 1817: 54-55). "Un grand nombre de signes ne constituent pas plus une langue plus qu'un soldat et un grand nombre de soldats ne constituent un régiment. La langue suppose, comme le régiment, les groupements des unités élémentaires en unités collectives de divers degrés, l'ordre, la subordination, les fonctions distinctes" (Valade-Gabel 1894: 83). "Je prends le mot signe uniquement dans le sens d'élément constitutif du langage [...] et langage comme ensemble systématisé de signes" (ib.: 86).

11 "It is not enough to say that speech consist of words. It consist of words referring to one another in a particular manner; and without a proper interrelation of its parts a verbal utterance would be a mere succession of names embodyng no proposition. A proposition - e.g., 'gold is yallow' - consist of two names, each of which, by conventional contrivances of position, etc. .. modifies the meaning of the other. All the names in a random succession of words may, it is true, one after the other, excite perception in us, but not perceptions in any relation to one another deserving of the name of though.. The several perceptions so revived do not make a unit. We are told nothing by a mere sequence of names, altought our organization is stirred by each of them. Now a proposition is not - that is to say, in its effects on us - a mere sequence" (Jackson 1868: 66). "Single words are meaningless, and so is any unrelated succession of words. The unit of speech is a proposition. A single word is, or is in effect, a proposition, if other words in relation are implied. It is from the use a word that we gather its propositional value. The words 'yes' and 'no' are propositions, but only when used for assent and dissent; they are used by healty people interjectionally as well as propositionally. A speechless patient may retain the word 'no', and yet have only the interjectional or emotional, not the propositional use of it; he utters it in various tones as signes of feeling only" (Jackson 1879-80/1: 113 sgg).

12 "Cet ordre traduit l'importance plus ou moins grade des divers parties de la pensée, au point de vue de l'unité de l'ensemble, et le rapport de ces parties entre elles. Cette 'grammaire de la pensée', ainsi que je l'ai appelé, se révèle dans l'ordre syntaxique. La place donné à chaque partie dans l'architecture générale lui donne son rang [...] La structure grammatical dépend donc des particularités génériques des divers langues, des particularités individuelles du sujet parlant, et enfin de tout l'ensemble de la situation, par exemple du temps dont on dispose, de la nature de l'auditeur et de bien d'autres choses; mais on peut dire en règle générale qu'il s'agit toujours d'exprimer le plus distinctement possible la substructure mentale, conformément aux intentions du sujet parlant" (Goldstein 1933: 297).

13 "Nous pensons que l'organisme fonctionne toujours comme un tout. Tout excitation qui agit sur lui produit une modification du système entier que cet organisme représente. C'est pure apparence si les réactions semblent localisées dans des portions circonscrites de l'organisme. La modification totale de l'organisme se caractérise toujours par une 'articulation' interne qui, en même temps, détermine la manière dont l'excitation se répand dans tout le système organique. Cette 'articulation' et, par conséquent, la distribution de l'excitation varient avec les opérations dont il s'agit chaque fois. Et c'est en vertu de cette 'articulation' que les effets sont plus visibles sur tels points que sur tels autres" (Goldstein 1933: 264). Le langage, donc "c'est une activité spécifique qui a un caractère d'unité, qui est globale et à laquelle correspond certainement un processus physiologique cérébral offrant la même unité de structure" (ib.: 297).

14 Cfr. Penfield-Roberts 1959, 1963; De La Lastra-Vives 1981.

15 Remy-Valade, élève de Sicard, écrirait "l'objet d'une grammaire des signes (...) (est une) question entièrement neuve, dont la solution jettera un jour tout nouveau sur l'origine, le mécanisme et la philosophie du langage" (Remy-Valade 1854: 61).

16 Cfr. Lantéri-Laura 1977: 237-47. "Malgré tout, le discours des globalistes, paré des plumes d'un paon philosophe, restait creux, et les propos sur la Ganzheit demeuraient sans aucun lien avec la clinique [...]. A l'opposé, le discours des localisateurs se précisait peu à peu et ne donnait jamais dans cette dichotomie entre les connaissances établies et la broderie imaginaire accomplie à leur occasion" (238). Cfr. aussi Lantéri-Laura (1970, 1987).

17 Cfr. Goldberg-Costa 1981; Zaidel 1981; Sacks 1989: 144.

18 Cfr. Langer (1941).

19 Cfr. Howe-Hall (1903); Rochelau (1928).

 

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