Ô laie noire aux oreilles tranchées
(alexandrins)

Ô laie noire aux oreilles tranchées, qui propages
le malheur parmi les gens radicaux et veux
l'admiration des cons, ton immonde souffle sauvage
a pu séduire les esprits mornes, mais rien qu'eux.

Indomptée, tu flanques le mal par le monde,
tout en sachant que tes dépouilles fétides sont loin
de pourrir. Et, pour l'instant, tu prêtes ta profonde
niche à l'acerbe rejeton, et le chagrin
mortel ne t'afflige plus. Bien vide est donc ta tombe.

Tes dignes compères ne pourront plus longtemps nourrir
eux-mêmes et d'autres de ta manne perverse et d' ton vice.
Le potache qui chaque jour te cajole, pauvre martyr,
n'est pas conscient de n'être qu'un éphémère caprice,
mais l'âge tendre nous amène souvent à définir
comme amour même le plus sinistre des orifices.

J' serai content quand tu seras un Macchabée,
vieille canaille : mais maintenant je plains tout instant
de ta vie tordue que tu gaspilles, en couvrant
des gens civils de fange, au lieu de crever.

Il est bien vrai que maintenant t'es parmi des bêtes
de ton rang, qui jadis approuvèrent, sans enquête,
la nouvelle répandue par d'autr's chiens enragés,
selon laquelle moi-même j'aurais en vain cherché,
et à plusieurs reprises, à enfoncer mon pieu
dans le cul négligé de l'allemand malheureux.

Rumeur validée premièrement par la pétasse
montagnarde ; un foisonnant cortège l'a suivie,
et la suite est connue. C'était bien une connasse
d'actrice, cette tête à claques, qui a enfin fini
par engendrer le blâme torve dont maint'nant je m' pare.

Mais en chantant, j'ai égaré le fil du conte ;
je te donne donc à savoir, les Muses devant moi,
en imitant le grand poète avec respect :
Ah truie truie, que ne décides-tu
de te réduire en cendres, et de disparaître,
puisque tu dépasses tes aïeux dans le mal ?

Le vendredi 18 octobre 1996
Emilio Colombo

 

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