Mediation
Familiale et justice
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La séparation ou le divorce posent clairement, de plus en plus, la question de la gestion privée des intêrets individuels et de la défense de l'orde et de l'intérêt publics. Elle est particulièrement évidente en ce qui concerne le conflit parental et la façon d'exercice des responsabilités parentales par les parents, après la séparation ou le divorce : Comment assurer la plus grande participation des parents et leur pouvoir de décision dans les questions sur les conditions de vie et d'éducation de l'enfant? Comment garantir à chacun d'eux un statut de non discrimination? Comment protéger aussi l'intérêt public de promotion du bien-être de l'enfant et de son développement? En réponse à ces questions, on propose l'idée de partenariat entre médiation familiale et justice, qui part de l'abandon claire d'une vision manichéenne des deux interventions dans le domaine de la gestion des conflits et des litiges parentaux et qui se fonde sur l'idée d'interaction active entre elles. Un approche de ce genre est développé par le Gabinete de Mediação Familiar de Lisboa, crée pour le Ministère de la Justice de Portugal, en 1997. Ce centre assure la prestation d'un service publique de médiation familiale parciale, accessible aux parents en séparation ou divorce, par une équipe interdisciplinaire de médiateurs et en articulation avec les tribunaux. L'organisation et le fonctionnement du Gabinete de Mediação Familiar visent préserver l'autonomie de la médiation familiale face au sistème judiciaire et possibiliter la comunication fluide entre le centre de médiation et les tribunaux, dans un espace de complémentarité fonctionnelle. Dans cette perspective, une attention particulière est donnée à la gestion célère et stable des litiges parentaux. |
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1. Nous nous proposons d'aborder le thème Médiation Familiale
et Justice à partir des situations de séparation ou de divorce
et des questions relatives à l'exercice des responsabilités
parentales. Dans un premier temps, nous indiquerons les raisons de la création
et de l'existence de ce centre, en abordant notamment les questions de
nature légale et judiciaire afin de mieux comprendre leurs objectifs
respectifs.
Le Cabinet de Médiation Familiale a été créé par le Ministère de la Justice portugais, en 1997, en collaboration avec le Barreau. Son implantation s'est aussi faite en lien avec l'école de la magistrature et le service de conseils aux tribunaux de la famille. Le Cabinet a pour but d'assurer une prestation de service public de médiation
familiale, en cas de séparation ou divorce, sur les questions relatives
aux enfants. Le divorce par consentement mutuel peut, depuis 1995, être décrété
par voie administrative, s'il n'y a pas d'enfant ou si l'exercice des
responsabilités parentales a été déjà
réglé. En ce qui concerne les questions relatives aux enfants, la situation
est similaire : En ce qui concerne le statut légal de l'enfant, la loi portugaise garantit à l'enfant les droits reconnus par la Convention Internationale sur les Droits de l'Enfant, en particulier celui d'être élevé par ses deux parents, de ne pas être séparé d'eux, d'avoir des contacts et des relations avec chacun des deux parents en cas de séparation, sauf dans son intérêt supérieur, et le droit à un niveau de vie suffisant. Si le contexte légal a été favorable à la
création du Cabinet de Médiation Familiale, elle est apparue
d'autant plus nécessaire que la réalité sociale et
judiciaire montrait une faible utilisation des possibilités légales
de résolution extrajudiciaire et consensuelle des conflits et des
litiges familiaux. Au niveau social, on sentait particulièrement l'absence de conditions
qui garantissent un vrai et réel statut d'égalité
entre les parents au sujet la vie des enfants et de leur éducation.
Fréquemment, on assistait à l'éloignement d'un des
parents de la vie de l'enfant, à sa dévalorisation et déresponsabilisation
parentale, comme conséquence du régime fixé ou de
la difficulté à faire respecter les solutions adoptées,
particulièrement en matière de relations personnelles et
d'entretien de l'enfant. La nécessité de nouvelles structures facilitatrices de la communication entre les parents, en situation de séparation ou divorce, promoteurs de leur co-responsabilisation prioritaire pour la vie et l'éducation des enfants, dans un cadre adéquat à leur situation familiale, a clairement été déterminante pour la création du Cabinet de Médiation Familiale.
Ouvert depuis septembre 1999, le Cabinet de Médiation Familiale
donne appui aux parents pour qu'ils définissent eux mêmes,
d'un commun accord, un plan d'exercice de leurs responsabilités
parentales, envisagent des modifications en cas de nécessité,
ou cherchent une solution lorsqu'il est inobservé. Pour y aboutir, le Cabinet agit par le biais de médiateurs ayant acquis une formation spécifique en médiation familiale, avec une formation de base soit en droit, soit en psychologie, soit en travail social et qui composent une équipe interdisciplinaire. C'est le Cabinet qui désigne le médiateur, qui coordonne
son action et qui établit aussi dans chaque cas, la liaison avec
d'autres institutions, comme les tribunaux. Au cours du processus de médiation, on essaie toujours de garantir que les parents recherchent par eux-mêmes des conseils juridiques, une intervention thérapeutique ou une orientation sociale, en cas de nécessité. Le Cabinet reste accessible aux parents indépendamment de leur état civil et son intervention est gratuite. La médiation familiale peut avoir lieu avant, pendant ou après la procédure judiciaire, mais on préfère qu'elle ait lieu en amont de la procédure. Le Cabinet intervient dans un cadre d'extrajudicialité : il ne
dépend pas du tribunal, il se situe en dehors du tribunal et son
action ne fait pas partie de la procédure judiciaire. Toute l'activité de médiation familiale du Cabinet se fonde
sur l'adhésion volontaire des deux parents : elle ne peut avoir
lieu qu'avec leur consentement exprès et peut toujours finir si
et quand ils le veulent. La confidentialité est aussi garantie : les parents s'accordent pour que l'information obtenue en médiation ne soit pas révélée à des tiers, sauf avec leur accord exprès, et ils renoncent à citer le médiateur comme témoin au tribunal, sur les points traités en médiation. Le Cabinet maintient secrète toute l'information concernant le
contenu des sessions de médiation, le comportement et le niveau
de participation des parties, sauf en cas de nécessité,
pour, par exemple, prévenir ou faire cesser des offenses graves
à leur l'intégrité personnelle ou à celle
de tiers. Toute l'intervention en matière de médiation familiale
du Cabinet se veut rapide et flexible. Les accords de médiation n'ont pas de validité ou d'effet
juridiques. 4. Face au tribunal, toute l'activité du Cabinet de Médiation Familiale se développe à partir de l'abandon clair d'une vision manichéenne de la médiation familiale et de la prise en considération de la différence de nature entre cette dernière et l'intervention judiciaire. On a la perception réelle que trop de situations, pour des raisons
culturelles d'approche des conflits, sont adressées au tribunal
sans que les possibilités de négociation et de consensus
n'aient encore été épuisées. On sait aussi
que beaucoup de situations ne peuvent pas être médiées
et ne peuvent être gérées que par une décision
unilatérale. Si la loi portugaise privilégie la capacité d'autodétermination des parents dans la résolution des conflits familiaux de même que les solutions consensuelles et extrajudiciaires, le Cabinet de Médiation Familiale peut offrir aux parents un contexte et un appui technique favorable à la négociation et à la gestion de leurs intérêts personnels et familiaux. Il permet aussi un plus grand respect de leur vie privée et de donner des chances égales de participation à chaque parent. Au fond, la question est de garantir et de préserver un espace
parallèle au tribunal où la liberté de décision
peut encore être exercée conjointement par les deux parents
comme avant la séparation ou le divorce. Quand ce n'est pas le cas ou quand la négociation n'aboutit pas à une solution consensuelle du conflit parental, la subsidiarité de l'intervention judiciaire prend ainsi tout son sens. Le recours au tribunal reste toujours possible et apparaît alors comme justifiée. En cas d'accord, qu'il soit ou non trouvé en médiation,
son homologation judiciaire est toujours une exigence légale afin
de garantir des valeurs sociales fondamentales, en particulier l'intérêt
public à la protection de l'enfant. D'une part, le partenariat entre les interventions de la médiation familiale et de la justice permet d'assurer aux citoyens, à partir d'eux mêmes, pour la réalisation de leurs intérêts individuels, un espace de plus grande liberté, flexibilité, créativité et adéquation des solutions. D'autre part, il permet aussi favoriser que la justice n'intervienne qu'en cas de nécessité, notamment pour garantir l'intérêt public. Enfin, cela permet d'offrir une plus grande célérité, une meilleure acceptation et le respect des décisions de la part des destinataires. Si les deux interventions sont complémentaires, on ne devra pas
oublier que leur nature est différente et qu'elle devra être
respectée : à la justice appartient de dire la loi, du fait
de l'exercice d'un pouvoir souverain de l'autorité; à la
médiation appartient de favoriser la libre capacité de négociation
et d'autodétermination consensuelle des parties. Dans cette perspective, nous trouvons important souligner, pour conclure,
à propos de l'activité développée par le Cabinet
de Médiation Familiale, son autonomie face au judiciaire : |
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