About the " Psycho-suiciders"  

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Background music: Tachanka [Tachanka] music: K. Listov, lyrics: M. Ruderman; 1936

  "Réponses institutionelles aux transgressions: Le cas Masud Khan"

Auteur: Anne-Marie Sandler

 

 

                 

 

 

  This article has been published in "L'année psychanalytique internationale" (Vol.2005).
 

 

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About T. Rosenthal's essays

 

 
   Sabine Spielrein

 

 

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   Adrian & Karin Stephen

Photo: Wilhelm Stekel

 

 

 

 

 

 

Depuis quelques dizaines d’années, les transgressions de l’éthique psychanalytique ont été l’objet d’une attention croissante. Cette évolution a été favorisée par une prise de conscience accrue de la fréquence et des conséquences des abus sexuels et des conduites violentes, ainsi que par une augmentation des plaintes d’analysants concernant des abus sexuels et des transgressions non sexuelles survenus au cours de leur traitement. De nombreuses études formelles et informelles ont été consacrées à cette question et les chercheurs en ont conclu que les incidents de cette nature n’ont pas été suffisamment dénoncés. La dénonciation de transgressions causées par des analystes formateurs entraîne des difficultés particulières du fait de leurs répercussions profondes au sein des instituts où elles se produisent (Gabbard and Peltz, 2001). Cet article étudie la transmission transgénérationnelle des transgressions et les problèmes qu’elles créent à tous les niveaux pour l’institution psychanalytique. Ces auteurs illustrent ces problèmes en signalant les compte-rendus d’analyses effectuées avec Masud Khan (Godley, 2001) et avec Winnicott (Little, 1990 ; Cooper, 1993, Hopkins, 1998) et l’essai de Boyton (2002) publié dans la Boston Review. Grâce à ma fonction de présidente du Comité d’Éthique de la Société Britannique de 1998 à 2003, j’ai eu accès aux comptes-rendus de la Société Britannique de Psychanalyse. J’ai également obtenu des informations de la part de quelques anciens membres de la Société.

Il existe actuellement un nombre considérable de publications sur le thème des transgressions.

Gabbard (2003), qui a beaucoup écrit sur le sujet, a reçu dans sa consultation, évalué et traité plus de 150 cas de professionnels soignants, parmi lesquels des psychanalystes qui avaient été impliqués dans de graves transgressions avec des patients. Cette étude a centré son attention sur les dommages subis par les patients, sur la pathologie de leurs analystes et sur leurs répercussions pour la réputation de la psychanalyse auprès du grand public. Une attention moins grande a été accordée à la réticence et aux difficultés rencontrées par les instituts et les société chargés d’enquêter sur les plaintes concernant des abus et sur les mesures appropriées qui devraient être prises, bien que celles-ci aient été décrites par des chercheurs dans ce domaine (Gabbard et Peltz, 2001). Adoptant une perspective plus large, Gutheil et Gabbard (1993) ont étudié les conséquences entraînées par la non application de la théorie des limites en psychanalyse, aussi bien en ce qui concerne le cadre que les situations cliniques courantes aux U.S.A. Selon ces auteurs, il semble qu’une contre-réaction se soit produite, déterminant une attitude excessivement rigide et défensive de la part de certains cliniciens, tant dans la pratique légale que dans la clinique. De leur avis, un mise au point s’impose. De son côté, Epstein (1994) pense que le cadre analytique peut être considéré comme une extension des limites du moi de l’analyste lui-même et il souligne que les frontières analytiques doivent être suffisamment souples pour s’ouvrir à certains moments et se fermer à d’autres, en fonction des besoins du processus psychanalytique. Dans ce domaine, l’ouvrage Boundaries and boundary violations in psychoanalysis (Gabbard et Lester, 1995) constitue la référence classique. Les auteurs étudient la nature des limites en psychanalyse et de leur transgression. Ils présentent l’historique de ces événements au cours du développement de la psychanalyse et examinent les motivations complexes des thérapeutes entraînés dans des transgressions et leurs conséquences pour les patients. Quant à Margolis (1997), il pense que le silence qui entoure l’exploitation sexuelle des patients par des psychanalystes est dû à l’horreur déclenchée par la transgression du tabou de l’inceste, élément qu’il considère comme étant le cœur psychologique des transgressions. Selon lui, c’est pour cette raison que les analystes sont réticents à reconnaître qu’il existe une telle potentialité en eux-même et chez leurs collègues.

En 1996, le Comité pour la formation psychanalytique de l’Association Psychanalytique Américaine (COPE) a nommé un groupe de travail sur les transgressions. Il a publié un rapport (Gabbard et Peltz, 2001) sur les écarts de conduite sexuelle des psychanalystes formateurs et a avancé des propositions pour que les analystes formateurs puissent gérer ces situations de transgression. Le groupe d’étude a trouvé que la plupart des contacts sexuels entre analyste et analysant surviennent après une série de transgressions non sexuelles de plus en plus patentes, et il relève la résistance extraordinaire à reconnaître ces transgressions au sein des institutions elles-mêmes. Le rapport établit qu’une forme de déni et de collusion intervient à tous les niveaux des institutions psychanalytiques.

Du fait que le présent article porte principalement sur les transgressions effectuées par D. W. Winnicott et par Masud Khan, je me suis référée à Cooper (1993) qui a écrit au sujet de son analyse avec Masud Khan, dans le contexte de son livre sur sa vie et son œuvre, ainsi qu’au comte rendu personnel de Margaret Little (1990) sur son analyse avec Winnicott. Hopkins (1998) a publié une étude préliminaire de l’analyse de Masud Khan par Winnicott, analyse qu’elle considère comme un échec de l’utilisation de l’objet. En effet, l’utilisation de l’objet demande que l’analyste se confronte à l’hostilité du patient et lui survive. D’après Hopkins, Winnicott protégeait ses analysants et lui-même de ses propres sentiments de haine et, plus tard dans son travail, de la charge de haine qui est inhérente aux interprétations. Hopkins est d’avis que la théorie de l’utilisation de l’objet avancée par Winnicott ne coïncidait pas avec son travail clinique.

Les limites de l’éthique en psychanalyse

Ce qui constitue la différence entre un dépassement des limites et une transgression proprement dite dépend, d’un point de vue professionnel, de la manière dont on conçoit le cadre psychanalytique dont le but est de permettre que le travail analytique se déroule dans des conditions optimales. Ce cadre au sens large du terme comprend deux groupes de composantes. Le premier groupe inclut le cadre psychanalytique proprement dit : le cabinet, le divan, la constance dans la durée et la fréquence des séances, l’accord sur le montant des honoraires et le payement, le caractère privé et confidentiel, et l’absence de contact physique (excepté dans les régions où il est habituel de se serrer la main au début et à la fin des séances). Le second groupe inclut l’interaction entre analysant et analyste, situation qui diffère complètement de tout autre discours humain. Selon l’accord conclu au départ, l’analysant essaye de dire tout ce qui lui vient à l’esprit, tandis que l’analyste conserve une attitude de suspension de jugement, d’anonymat et d’abstinence, et concentre son attention sur la compréhension de l’interaction entre analyste et analysant de manière à interpréter les processus inconscients lorsque ceux-ci apparaissent. Les limites du travail analytique définissent les paramètres de la relation, de sorte que les deux partenaires se trouvent en sécurité tout en pouvant être spontanés. Cependant, comme le notent Gabbard et Lester, « les limites professionnelles doivent être fermement maintenues, de manière à ce que les participants aient la liberté de les franchir psychologiquement, ce qui constitue le paradoxe central de la situation analytique. En d’autres termes, des processus tels que l’empathie et les identifications projectives (et introjectives) effectuent un va-et-vient incessant à travers la membrane semi-perméable construite par la dyade analytique » (1995, p. 42-3).

Bien que l’on comprenne de mieux en mieux les mises en actes de transfert et de contre-transfert, en particulier au niveau du psychisme primitif, et que l’on reconnaisse leur nature généralisée, il est néanmoins difficile d’apprécier à partir de quel moment un franchissemeent des limites devient une transgression. Malgré tout, Gutheil et Gabbard (1993) considèrent qu’il vaut la peine d’établir une distinction entre un franchissement des limites relativement bénin et une transgression grave et dommageable consécutive à la mise en acte de fantasmes inconscients déclenchés par le processus psychanalytique entre analysant et analyste.

L’analyse de Wynne Godley par Masud Khan :
Le compte rendu de l’analysant

En février 2001, le London Review of Books publia un article de quatre pages intitulé « Sauver Masud Khan » par Wynne Godley. Dans cet article, l’auteur présentait le compte rendu de l’échec de l’analyse de l’auteur avec Masud Khan. Godley commence par le récit de son histoire personnelle dans le but d’expliquer ce qu’il a été amené à répéter au cours de son analyse. A l’époque de sa naissance, en 1926, ses parents s’étaient séparés après de violentes disputes et, depuis lors, il les vit rarement ensemble. Il était l’un des trois enfants de ce mariage. Sa mère était engagée dans des activités artistiques qui la maintenaient éloignée de la maison durant de longues périodes et, lorsqu’elle était à la maison, elle restait souvent couchée dans son lit et se plaignant de ce qu’elle appelait « sa douleur ». Lorsqu’il était un jeune enfant, Godley avait été confié à des nurses, à des gouvernantes et à une tante sévère, restée vieille fille. Lorsque sa mère était à la maison, elle et son fils développèrent une relation intime au cours de laquelle elle lui faisait des confidences sur le plaisir qu’elle tirait de ses relations sexuelles, sur sa déception par rapport à l’impuissance de son père, et sur la douleur et l’humiliation qu’elle avait éprouvées en donnant naissance à sa demi-sœur beaucoup plus âgée. Cette fille avait eu un retard de croissance et était sujette à des crises de comportement violent. Finalement, elle fut traitée en institution psychiatrique. Le père de Godley était une personne âgée et effacée, perçu d’abord comme un invalide, mais possédant une autorité personnelle et un charme considérable. Aucun de ses deux parents appartenait à un cercle social, et Godley n’avait pas de compagnon de jeu, pas plus que son frère aîné et sa sœur.

Godley raconte comment, au cours de son enfance, il croyait posséder une puissance spéciale susceptible un jour d’étonner le monde. Il rapporte aussi qu’il pensait n’avoir aucune valeur, ni droit, ni talent, et qu’il était en apparence gros, mou et peu masculin. Il considérait que son frère plus âgé était celui à qui tout réussissait et il raconte que, plus tard dans sa vie, une série d’hommes distingués prirent dans son esprit la place de son frère. Il se souvient aussi que la capacité de reconnaître et d’évaluer des gens ou des situations lui faisait défaut, qu’il était passif et maladif et qu’il avait des fantasmes secrets de nature violente. Lorsqu’il atteignit l’âge de 6 ans, il souffrit d’un abcès de l’oreille interne qui perça son tympan. Plusieurs années après cet incident, il continuait à porter de temps en temps un bandage autour de la tête pour contenir l’écoulement. Il devint sourd à 90% de cette oreille. A l’âge de 7 ans, il fut envoyé à l’école primaire sans posséder les capacités sociales élémentaires pour survivre dans ce milieu. Par exemple, il rapporte qu’il n’avait pas encore appris à s’habiller seul. Il se rappelle aussi d’attaques de panique qui s’accompagnaient d’étranges fantaisies.

Lorsqu’il atteignit l’âge de 10 ans, son père hérita d’un pairage, titre de noblesse qui représentait un revenu important ; il racheta une propriété de famille et se remaria. Godley se souvient que sa belle-mère offrait aux trois enfants un environnement idyllique dans cette propriété pendant leurs vacances scolaires. A cette époque, sa mère lui rapporta que pour bien des années, son père avait été un ivrogne et qu’elle avait pris un amant, un musicien de 15 ans plus jeune qu’elle. Par la suite, cet homme fit connaître la musique à Godley et s’impliqua profondément du point de vue sentimental tant avec Godley qu’avec sa sœur. Ultérieurement, son père se remit à boire beaucoup et, comme son état se détériorait, sa belle-mère confia à Godley que son père avait été habituellement impuissant et qu’elle avait pris un amant, comme sa mère l’avait fait auparavant. En dépit de ces confidences, Godley relate qu’à l’âge de 17 ans il ne savait pas comment le corps féminin fonctionnait et qu’il n’avait aucune connaissance adéquate de la sexualité. C’est à l’université qu’il entreprit son éducation et il prit pour mentor un philosophe renommé. L’histoire personnelle de Godley se termina tristement. Sa belle-mère se suicida. Après avoir dilapidé son argent, son père mourut seul dans un hôpital. Sa demi-sœur demeurait dans un hôpital psychiatrique, et sa mère, après une grave attaque cérébrale qui la laissa hémiplégique, vécut encore six ans dans cet état pitoyable.

A l’âge de 30 ans, alors qu’il était marié et conseiller spécialisé dans le service civil, Godley tomba dans une situation de grave détresse mentale. Il vivait dans un état de dissociation qu’il décrit ainsi : « Au vrai sens du terme, le sujet n’est jamais présent physiquement, mais il traverse le monde dans un rêve éveillé. Son comportement est géré par un pilote automatique. Ses réponses ne sont jamais directes ni spontanées. Chaque événement est rejoué après avoir été produit puis repris dans un théâtre intérieur. D’un côté, le sujet peut se montrer d’une insensibilité déconcertante, mais au prix d’une vulnérabilité extrême, car l’appareil dans son ensemble ne peut fonctionner qu’au sein d’un réseau de réponses familières et fiables. Il est alors sans défense devant les événements dus au hasard, survenant de manière imprévue ou insidieuse. Le Mal ne peut être contré parce qu’il ne peut être identifié » (Godley, 2001).

Un ami conseilla à Godley de consulter D. W. Winnicott, ce qu’il fit, ne sachant pas qu’à cette époque Winnicott était Président de la Société Britannique de Psychanalyse. Il décrit cette consultation et se souvient avoir été adressé à Masud Khan en vue d’une analyse. L’article se poursuit avec un compte rendu et un commentaire de son premier entretien avec Masud Khan, au cours duquel ce dernier lui déclara de manière intrusive qu’il était sur le point d’épouser une artiste renommée, et Khan demanda à Godley s’il n’était pas lié au sculpteur Epstein. Au vu de cette question, Godley s’angoissa et exprima son inquiétude au sujet du caractère confidentiel de ce que lui racontait Masud Khan, puisque sa question impliquait qu’il savait déjà des choses sur le compte de Godley et qu’ils pouvaient avoir des amis communs. En effet, l’épouse de Godley était la fille d’Epstein. Godley écrit que Khan ne répondit pas directement. Après l’entretien Khan reconduisit Godley avec sa voiture et sortit un livre de poèmes. Dans son article, Godley déclare qu’avec ce qu’il sait maintenant, il réalise que la relation thérapeutique avait été corrompue dès ce premier entretien. Il relève qu’à cette époque il n’avait pas le moyen de savoir que quelque chose n’allait pas avec Khan lorsque ce dernier lui parlait de son prochain mariage (ce qui impliquait aussi qu’il allait devoir délaisser temporairement son nouveau patient au début de son analyse). Godley ne comprenait pas non plus pourquoi Khan avait eu besoin d’exhiber sa qualité d’homme de lettres et sa voiture de sport. Néanmoins, il réalisa qu’il y avait quelque chose de faussé avec la question d’Epstein, mais il avait évacué de son esprit cette prise de conscience « d’une manière si familière qu’elle vous soulève le cœur ».

La seconde partie de l’article contient le terrible compte rendu de l’analyse et de sa dégradation progressive qui conduisit à des transgressions encore plus graves. Durant les premiers jours de son analyse, le mode de fonctionnement habituel de Godley – fondé sur son « self » artificiel – s’écroula complètement. Il vécut cela comme un effondrement émotionnel et cet état se prolongea jusqu’à ce que Khan revienne de sa lune de miel. Par la suite, l’analyse sembla s’installer dans une mise en acte sado-masochiste de plus en plus perverse entre analyste et patient, au lieu que se mette en place une situation à deux susceptible d’être analysée et interprétée. Après-coup, Godley décrit cela comme une dégradation progressive : « La capacité du patient d’articuler ses pensées, ses fantasmes ou les images qui lui vienne à l’esprit, et tout spécialement les pensées hostiles qu’il peut avoir envers son analyste, constitue l’un des aspects cruciaux du processus analytique. Si cela ne se produit pas, le renversement des rôles préalables ne peut jamais se produire. Mais il est extrêmement difficile d’exprimer à l’objet des pensées meurtrières et des insultes, car cela requiert beaucoup de concentration, de courage et de confiance. La manière dont de telles insultes sont négociées est à la mesure du talent d’un analyste, de sa personnalité et de son aptitude à pratiquer ; le « self » artificiel sait trop bien comment faire saigner autrui. Lorsque j’en viens à décrire l’échec de Khan de passer ce test élémentaire, poursuit Godley, je réalise que je risque de le faire passer pour un personnage comique. Il y avait vraiment quelque chose de totalement ridicule à son sujet… mais il avait une intelligence formidable et rapide, un pouvoir d’observation étonnant et une capacité inégalée de percevoir directement ce qu’il y a de profond en-dessous de la surface. Il m’était impossible d’avoir le dessus sur lui. » (Godley, 2001).

Peu à peu, les séances se remplirent des récits de la vie sociale de Khan. Il ressort de ces comptes-rendus l’impression générale que Khan s’était emparé de ce qu’il y avait de meilleur chez quelqu’un d’autre. Plusieurs exemples sont cités dans cet article, d’où il ressort qu’occasionnellement Khan faisait appel à la sympathie de son patient. Comme Khan répondait aux appels téléphoniques pendant les séances, y compris ceux de Winnicott, Godley entendait les détails de ce qui se disait sur d’autres patients. Par la suite, Khan insista vivement pour que Godley rencontre l’une de ses patientes en tant que partenaire, bien que Godley fut marié. L’ « analyse » se détériora encore davantage lorsque tous trois – Khan, Godley et cette autre patiente de Khan – commencèrent à se rencontrer sur le plan social. Khan commença aussi à offrir des cadeaux à Godley. Chacun semblait croire consciemment qu’il était en train de sauver l’autre. Ils atteignirent le point où Khan fit intrusion au domicile de son patient et Godley décrit la conduite déplacée de Khan durant cette visite. Par la suite, le patient, l’analyste et leurs épouses respectives se rencontrèrent socialement et se rendaient ensemble à des invitations où ils rencontraient souvent des célébrités. Godley décrit aussi une scène violente qui eut lieu dans son appartement entre ses visiteurs, Khan et sa propre épouse. A la séance du jour suivant, Godley parla d’interrompre l’analyse à quoi Khan aurait répondu que, s’il allait jusque là, il l’interromprait lui-même « un jour » avant que Godley ne le fasse.

Le dénouement de cette analyse fait froid dans le dos. Godley rapporte d’abord que son épouse se trouvait au troisième mois d’une grossesse difficile et qu’elle avait déjà subi précédemment une interruption de grossesse. Bien qu’elle ait eu des enfants de son côté (l’un d’eux était un patient de Winnicott), elle-même et Godley n’avaient pas encore eu d’enfant ensemble. Un jour, les deux couples dînèrent « à quatre » (en français dans le texte), et Godley se souvient du comportement violent et sans cesse agressif de Khan, ce qui l’amena à « ressentir quelque chose qui se figeait profondément en moi-même ». Le jour suivant, l’épouse de Godley lui raconta que Khan l’avait appelée au téléphone et l’avait « agressée verbalement ». Elle déclara qu’elle avait été saisie d’une douleur aiguë dans l’utérus. Godley perçut cela comme une tentative de la part de Khan d’attenter à la vie de leur fils unique qui n’était pas encore né ; sa souffrance était vive et il écrivit que « la structure vivante qu’il possédait en lui, si elle ne s’était pas déformée, était du moins en voie de corrosion » (Godley, 2001). Il téléphona à Winnicott pour lui dire que Khan était fou ; Winnicott acquiesça et interdit à Khan de communiquer à nouveau avec Godley. Khan téléphona à Godley pour lui dire qu’il voulait le revoir encore, mais Godley refusa. Dix ans plus tard, après que Khan ait été traité pour un cancer du poumon et de la gorge, Godley reçut un appel téléphonique de sa part demandant d’une voix chuchotante de lui rendre visite, ce que celui-ci fit.

L’article conclut avec ce que Godley apprit par la suite : Khan couchait avec ses patientes femmes, il était devenu un buveur invétéré et, peu avant sa mort, il avait été radié de la Société. Il apprit aussi que la femme de Khan s’était séparée de lui, puis avait divorcé et qu’elle était décédée par la suite. Lorsqu’il découvrit que Khan était en analyse avec Winnicott durant la période où il était lui-même en analyse avec Khan, Godley fut amené à réinterpréter certaines lettres qu’il avait envoyées à Winnicott sur l’insistance de Khan. Il considéra les réponses qu’il avait reçues de Winnicott « comme un flirt agressif entre les deux, utilisant mon corps en tant qu’intermédiaire involontaire » (Godley, 2001). Godley résume son analyse avec Khan dans les termes suivants : « Il a reproduit et reproduit en acte les composantes traumatiques majeures de mon enfance et de mon adolescence. L’union primaire a été rompue. Ses confidences avaient fait de moi un être spécial, tout comme ma mère l’avait fait : il avait comme elle le besoin de jouer l’acteur pour moi et que je joue l’acteur pour lui. Une gymnastique destructive semblable à celle que j’avais eue à négocier autrefois s’installait à nouveau, analogue au lien profond qui m’avait attaché à mon père alors que son état de santé se détériorait. Pour la seconde fois, j’étais submergé par une compulsion à transformer l’épave d’un buveur anti-sémite en train de s’effondrer, en une structure pleine de vie sur laquelle me construire moi-même » (Godley, 2001).

Pour terminer, Godley rend hommage à son second analyste, un Américain dont le talent et la patience lui permirent de se remettre des expériences qu’il décrit et l’aida à effectuer les prises de consciences qui les lui fit comprendre.

Masud Khan et la Société Britannique de Psychanalyse

A la suite de la publication de cet article, Donald Campbell, alors président de la Société Britannique de Psychanalyse, demanda au Comité d’Éthique d’entreprendre une enquête rétrospective (Daniel, 2001). Lorsqu’il obtint sa qualification de psychanalyste en 1950, Khan devint membre de la Société et le resta jusqu’à son exclusion en 1988. Aucune date n’est mentionnée dans le compte-rendu de Godley mais nous tenons de lui que son analyse qui dura sept ans se situe entre février 1959 et juillet 1966. L’enquête a été entravée par trois difficultés principales. En premier lieu, plusieurs parmis ceux qui avaient pris part aux décisions concernant Khan n’étaient plus vivants, tandis que d’autres étaient devenus âgés et avaient à rechercher le souvenir d’événements remontant à plus de 40 ans. En deuxième lieu, la confidentialité constituait - et constitue encore à l’heure actuelle - un problème pour les anciens analysants et pour les anciens membres de la Société, certains hésitant à parler de ce qu’ils avaient su ou entendu à l’époque. Enfin, les minutes des réunions avaient enregistré les décisions mais elles fournissaient rarement les détails des discussions préalables sur lesquelles les décisions avaient reposé. Il est à noter que certains rapports significatifs n’ont pu être retrouvés au cours de l’enquête. En dépit de ces restrictions le compte-rendu qui va suivre repose essentiellement sur les documents de la Société Britannique et sur les souvenirs de ses membres les plus anciens.

Masud Khan arriva en Angleterre venant du Penjab en octobre 1946. Il se présenta de lui-même et fut accepté pour la formation à l’âge de 22 ans seulement, mais il n’existe malheureusement aucun rapport sur la manière dont il a été évalué, car il est de tradition dans la Société Britannique de détruire les documents concernant l’admission, une fois obtenue la qualification. On peut supposer que cet Indien Pakistanais intelligent et studieux impressionna et que, si des troubles de caractère furent décelés, on a sans doute attendu de l’analyse qu’elle parvienne à les modifier chez un homme aussi jeune. Ella Sharpe fut sa première analyste et, lorsqu’elle mourut environ sept mois plus tard, il se rendit auprès de John Rickman qui l’analysa tout au long de sa formation jusqu’à sa mort en 1951. Khan entreprit son premier cas pour la formation sous la supervision d’Anna Freud en octobre 1948 mais, en juin 1949, un rapport du Comité de la Formation recommande que ce premier cas soit terminé et qu’un second premier cas soit supervisé par Sylvia Payne ou par Mélanie Klein. Il n’existe aucun rapport dans les minutes du Comité pour la Formation ou dans les Archives Mélanie Klein précisant quand il aurait repris son premier cas, ni qui l’aurait supervisé. Quatre mois plus tard, on indique qu’il a commencé son second cas et qu’il a obtenu sa qualification à la fin de l’année 1950, à l’âge extraordinairement jeune de 26 ans. La lecture des minutes donne l’impression que le Comité de la Formation semble avoir été influencé par la vaste érudition de Khan et par le sérieux qu’il manifestait au cours des conférences et des séminaires. Il obtint sa qualification comme analyste d’enfant en 1952 avec Winnicott comme superviseur pour son premier cas, ainsi que Marion Milner et Clifford Scott pour son deuxième et son troisième cas. Lorsque Rickman mourut au début de l’année 1951, Khan choisit de reprendre son analyse avec Winnicott quelques mois plus tard au cours de la même année, et il poursuivit durant 15 ans cette troisième analyse qu’il termina autour de 1966.

Ce fut à l'occasion de sa candidature pour devenir « Full Member » qu’apparurent les premiers indices significatifs que Khan posait un problème au regard d’un certain nombre de membres. En 1953, il présenta devant l’ensemble de la Société un mémoire intitulé « Un épisode homosexuel comme défense contre la masturbation » dans le but de devenir membre (c’était la voie pour le devenir à cette époque). A cette occasion, il ne fut pas élu, en partie parce que l’on considéra que l’identité du patient n’avait pas été suffisamment dissimulée. Lorsqu’il se représenta en 1954, il avait modifié le titre de son mémoire ainsi : « Notes sur des épisodes homosexuels chez un patient homme ». Quelques analystes qui avaient assisté à cette présentation, aujourd’hui âgés, se souviennent qu’avant le vote, le débat porta moins sur la qualité du mémoire que sur le caractère de l’analyste. Il fut élu « Full Member » avec 32 votes en sa faveur et 15 contre. Un bon tiers des membres présents avaient voté contre son élection.

Une année plus tard, Winnicott soutint la candidature de Khan pour l’obtention du statut d’analyste formateur, mais cette demande fut repoussée à trois reprises (Minutes du Comité de la Formation de la Société Britannique de Psychanalyse, 1955a, 1955b, 1957). En 1959 cependant, à la quatrième reprise, ce statut fut accordé à Khan. Au cours des 22 années qui s’écoulèrent entre 1955 et 1977, Khan accéda à une position éminente au sein de la Société Britannique et acquit une renommée internationale. Il fut directeur de The International Psychoanalytical Library durant plus de vingt ans, rédacteur associé de l’International Journal of Psychoanalysis, rédacteur associé de l’International Review of Psychoanalysis et rédacteur étranger de la Nouvelle Revue de Psychanalyse. Il écrivit aussi des articles et quatre ouvrages (Khan 1974, 1979, 1983, 1988) et fut considéré comme apportant des contributions pleines d’imagination à la théorie psychanalytique. La plupart des membres de la Société Britannique voyaient en lui un collègue éminent, même s’il était contesté, et ils étaient fiers de ses contributions.

Cependant, parallèlement à ces réussites, des rumeurs et des commérages circulèrent au sujet de sa rudesse, de ses indiscrétions sociales et analytiques déplorables, et de sa conduite inadéquate envers des patients, des candidats et des collègues. L’affaire finit par faire surface. En 1976, à la suite d’une transgression sexuelle grave, une plainte fut déposée de la part d’un candidat dont l’épouse était également candidate et en analyse de formation avec Khan. Comme il n’existait pas de Comité d’Éthique à cette époque, la plainte fut déposée devant le Comité de la Formation par l’analyste formateur du candidat. Au cours des recherches dans les minutes du Comité de la Formation, l’actuel Comité d’Éthique découvrit que des documents décisifs en rapport avec celle-ci manquaient. Par conséquent, les détails ne sont pas connus, bien que la plainte ait été maintenue et que Khan ait été prié de démissionner de sa position d’analyste formateur. Sa réponse fut d’écrire qu’il ne « démissionnait » pas, mais qu’il « se retirait ». Il était alors notoire qu’on avait diagnostiqué chez lui un cancer du poumon et que, puisque cette affection était alors considérée comme fatale, on présuma qu’il ne travaillerait plus et qu’il lui restait peu de temps à vivre. En fait, il vécut encore 12 années de plus.

Onze ans plus tard, en 1988, il fut radié en tant que membre de la Société. Des plaintes écrites avaient été déposées par cinq membres seniors qui considéraient que certains passages de l’ouvrage de Khan « When spring comes – Awakenings in clinical psychoanalysis » (1988) contrevenaient au code éthique de la Société et à ses règlements. Les descriptions cliniques présentées dans cet ouvrage violaient des limites éthiques essentielles du traitement psychanalytique. Le Comité d’Éthique fut unanimement de l’avis que cela constituait a prima faciae une rupture du code éthique. Khan fut convoqué par le Comité d’Éthique mais il répondit qu’il était trop malade, qu’un cancer du larynx avait été diagnostiqué l’année précédente et qu’il n’avait plus de voix. Il décéda en 1989.

Transmission transgénérationnelle

La transmission des transgressions de l’éthique psychanalytique d’une génération analytique à la suivante constitue sans doute le problème le plus préoccupant pour les instituts de formation. Ainsi, le « COPE Study group » découvrit que les candidats analysés par des analystes de formation qui avaient présenté un passé de transgressions présentaient fréquemment des problèmes similaires à la génération suivante (Gabbard et Peltz, 2001). Pour autant que l’on sache, l’analyse de Khan par Winnicott n’a fait l’objet d’aucun écrit de la part de l’un ou de l’autre partenaire, et les archives de Khan ne seront pas disponibles avant 2039. Hopkins (1998) fit une reconstruction qui révèle que des transgressions répétées sont apparues au cours de l’analyse de Godley par Khan, et que celle-ci était contemporaine de celle de Khan avec Winnicott. Il existait aussi des preuves d’une interaction empreinte de collusion et perverse entre les deux dyades analytiques Khan-Godley d’une part, et Winnicott-Khan d’autre part.

Plusieurs analystes ont commenté l’analyse Winnicott/Khan et, de l’avis général, il apparut que Winnicott échoua à analyser l’hostilité de Khan et qu’il fut incapable de modifier sa pathologie caractérielle narcissique. Marion Milner, qui avait été en analyse avec Winnicott (Hopkins, 1998), pensait qu’il ne parvint pas à gérer la destructivité de Khan, tandis que Stoller, qui était un ami de Khan, pensait que sa rage n’avait pas été analysée. De son côté, dans son hommage mortuaire à Khan, Limentani (1992) considère que celui-ci était à la recherche d’une figure paternelle perdue qu’il avait idéalisée et redoutait, et il pensait que Winnicott ne réussit pas à aller au-devant de ce besoin. D’après Hopkins, bien que Winnicott (1947) ait écrit de manière créative sur l’importance de s’engager dans l’analyse et de survivre aux expériences de haine, elle estime qu’il n’a pas mis en application de manière efficace sa théorie dans son travail clinique avec Khan. Hopkins se demande s’il était effrayé par l’impétuosité de son analysant et qu’en conséquence il fut dans l’incapacité de se confronter à l’hostilité de son patient, ainsi qu’à ses idées grandioses et à son omnipotence. Elle suggéra aussi que Khan pourrait avoir souffert d’une psychose maniaco-dépressive non diagnostiquée durant la période de 1969 à 1989, alors qu’on savait qu’il avait des moments de dépression ; s’il en a été ainsi, elle pense que cela pourrait expliquer ses changements d’humeur, sa grave insomnie et son alcoolisme croissant pendant ces années.

Il est difficile aujourd’hui d’imaginer que Winnicott ait pu apporter aussi ouvertement son soutien à son analysant. Il n’est plus possible de savoir si quelqu’un a tenté d’inciter Winnicott à faire marche arrière et de le ramener à la raison, mais de toute évidence Winnicott se sentait soit autorisé, soit aveuglé face aux transgressions. Durant les années 1950 et 1960, des rumeurs circulaient parmi les membres de la Société Britannique selon lesquelles certains analystes protégeaient ou parrainaient leurs candidats, mais aucune action ne fut entreprise. Il en est de même pour les publications impliquant une collaboration entre Winnicott et Khan. Bien que cela ait été de notoriété publique, il est loin d’être clair qui savait que Khan était encore en analyse avec Winnicott. Cependant, quels qu’aient été les faits, il vaut la peine de souligner que des changements importants sont survenus au cours des 50 dernières années dans toutes les Sociétés en ce qui concerne la confidentialité et les transgressions de l’éthique. Même si la Société Britannique reste probablement la dernière « reporting Society » , il est rare qu’on établisse actuellement ce type de rapport et il serait impensable aujourd’hui que des analystes interviennent activement dans les progrès des candidats.

Transgressions de l’éthique psychanalytique

Au cours d’une analyse, quelles que soient les difficultés que l’on rencontre parfois, il est de la responsabilité de l’analyste de maintenir le cadre dans lequel les processus inconscients peuvent se dérouler en toute sécurité et être analysés. Dans l’analyse avec Khan, Winnicott fut incapable de le maintenir. Si les causes de cet échec restent matière à spéculations, leur évidence ne fait aucun doute. Khan a été formé par Winnicott et il suivait des séminaires conduits par ce dernier : après avoir obtenu sa qualification, il fut supervisé par Winnicott durant l’année 1951 pour son premier cas d’analyse d’enfant. Lorsque le second analyste de Khan mourut tôt dans la même année, il choisit d’aller en analyse avec Winnicott – qui en était à son premier mandat comme Président de la Société Britannique. L’analyse débuta vers la fin de l’année 1951 et, durant les deux premières années, Khan, l’analysant, collaborait étroitement avec Winnicott, son analyste, dans la rédaction d’une revue critique de livre qui parut dans International Journal en 1953 (Winnicott et Khan, 1953). Khan (1975) lui-même dit que quatre ans plus tard, en 1957, Winnicott l’invita à rassembler ses oeuvres en vue d’une première édition dont Khan rédigea la préface. Plus tard, en tant que rédacteur associé, Khan continua à assister Winnicott dans la préparation de la publication de la seconde édition de ses oeuvres.

Dans l’intervalle, l’analyse se poursuivait alors que le cadre était rompu sous d’autres formes également. Tout le monde savait que Winnicott envoyait des patients directement à Khan (Godley était l’un d’eux) et que le matériel clinique concernant ces patients apparaissait inévitablement dans l’analyse Khan/Winnicott, contribuant aux fantasmes transférentiels inconscients des deux participants. De plus, Winnicott analysait l’enfant de la femme de Godley au moment même où Godley était en analyse avec Khan, ce qui constitue un problème supplémentaire.

Le soutien actif public de Winnicott dans l’avancement de Khan au sein de la Société Britannique, dont il a été déjà question plus haut, représente une autre forme de transgression importante.

Relevons qu’à la même époque, Greenacre (1966) écrivait à propos des problèmes de l’analyse de formation et s’intéressait particulièrement aux liens de loyauté et aux dangers qui surgissent lorsque des analystes formateurs sont poussés par leurs propres besoins narcissiques à déborder les besoins de leurs analysants. Elle attira l’attention sur la tendance dynamique subtile des analystes formateurs de gratifier leurs analysants, au lieu de les frustrer et d’analyser leurs désirs transférentiels. Cet auteur note également que, par identification, de jeunes analystes ont tendance à répéter le comportement de leurs analystes. Selon Hopkins il apparaît que, dans l’analyse Winnicott/Khan, chacun des deux croyait qu’il allait sauver l’autre. De même, au cours de l’analyse Khan/Godley, chacun des participants était animé explicitement de la même croyance. Godley intitula son article « Sauver Masud Khan ». D’après ma propre expérience, la croyance qu’a l’analyste de « sauver » son analysant de quelque chose de pire est souvent l’indice d’une transgression ou d’un signal avertissant d’un tel danger.

Dans l’analyse Khan/Godley le cadre fut rompu dès le premier entretien par suite de l’intrusion de l’analyste qui apporta des information sur lui-même et révéla qu’il avait une connaissance préalable de la famille du patient, au lieu d’établir un cadre pour l’analyse qui était en train de commencer. Par ailleurs, les appels téléphoniques étaient reçus durant les séances, y compris ceux de Winnicott, l’analyste de l’analyste, qui avait été aussi le consultant initial et avait adressé Godley à Khan. Plus tard, un échange de correspondance chargée d’émotion et déplaisante s’installa entre Winnicott et Godley, encouragé par Khan. A mesure que l’analyse avançait, Khan continuait non seulement à offrir de nombreux cadeaux à Godley, parfois de valeur, mais en plus les mises en acte s’intensifièrent, au point que Khan organisa des rencontres sociales entre eux et leurs épouses, jusqu’à ce que finalement Khan et son épouse se rendent au domicile de Godley pour lui rendre visite. Khan organisa également une rencontre entre Godley et une jeune femme, en suggérant qu’ils « étaient faits l’un pour l’autre ». Par la suite, il y eut plusieurs rencontres « à trois », y compris une soirée de jeux de poker et de squash. Les limites éthiques furent grignotées puis violées jusqu’à installer une interaction de plus en plus perverse au sein de l’ « analyse » et hors d’elle.

Des motifs de confidentialité n’autorisent pas à publier les rapports concernant les transgressions survenues dans les autres analyses conduites par Khan, et les notes concernant les entretiens avec des candidats de Khan menés à l’époque de l’enquête ont disparu. Mais, comme il a été déjà relevé, des récits circulaient au sujet de la conduite déplacée de Khan envers des patients, des candidats et des collègues. Il était une figure puissante et parfois menaçante. Pendant l’enquête qui suivit les plaintes déposées contre lui, Khan menaça d’entamer une procédure contre la société devant les tribunaux, et plus tard, à la suite de menaces de violences, on dut faire appel à une protection policière. Khan dominait ceux qui le soutenaient, y compris Winnicott qui dépendait de son assistance pour ses publications, et Khan n’hésitait pas à effrayer ceux qui le remettaient en question ou s’opposaient à lui. Il semble que la Société Britannique n’eut ni la volonté ni la force de le discipliner pour des raisons que nous allons examiner maintenant.

Problèmes institutionnels

Dans la plupart des sociétés psychanalytiques, les jeunes membres qui ont suivi une analyse de formation auprès de collègues plus âgés se trouvent liés les uns aux autres par des attaches spéciales de transfert et de contre-transfert. Ces contacts professionnels et personnels continuels sont souvent très complexes et les relations au sein des sociétés analytiques possèdent des éléments inconscients particulièrement puissants. Cela explique pourquoi les sociétés psychanalytiques ont généralement de grandes difficultés à repérer une conduite inacceptable et/ou d’éventuelles transgressions chez un membre. Gabbard et Lester (1995) ont non seulement écrit au sujet de la tendance qui prévaut de dénier et d’éviter de reconnaître de tels problèmes, mais ils soulignent que les psychanalystes sont formés avant tout pour rechercher à comprendre et à expliquer un comportement, et qu’ils hésitent par conséquent à porter un jugement et à condamner.

Une autre source de difficulté provient de la réticence des psychanalystes à faire face à l’insécurité inhérente à la profession. Les psychanalystes sont dans l’ensemble très conscients de la grande responsabilité qu’ils assument envers les patients et les candidats qu’ils ont en traitement, mais ils sont aussi conscients que la connaissance psychanalytique n’est pas infaillible. On ne peut s’empêcher d’être préoccupé de savoir si l’on a évalué correctement ou non des signes de grave pathologie chez des patients ou des candidats. On est d’autant plus en souci lorsqu’il s’agit de traits psychopathiques et pervers qui auraient pu nous échapper. Cependant, au cours des dernières années, les psychanalystes sont devenus davantage conscients de l’importance de gérer le contre-transfert. Mais ce type de gestion ne peut jamais conduire à des certitudes. Aussi les psychanalystes ne cessent de s’interroger quant à l’efficacité de leur approche et quant à leur capacité individuelle. Parfois, ces interrogations déclenchent d’inévitables remises en cause de soi, des doutes, un sentiment de culpabilité et d’angoisse. Au niveau institutionnel, de même qu’au niveau personnel, la découverte de l’inconduite d’un membre de la société est généralement ressentie comme une attaque malencontreuse du cadre fondamental de la profession et se heurte facilement à une profonde incrédulité. De telles réactions s’observent dans toutes les institutions, à des degrés divers, et particulièrement au sein des sociétés psychanalytiques.

En examinant les minutes concernant Khan dans les archives de la Société Britannique, on constate clairement que ce type de dynamique institutionnelle régnait. Lorsque des signes indiscutables de son inconduite apparurent dans les plaintes formelles, il fut très difficile pour certaines personnes qui y étaient impliquées de croire et d’accepter les faits qui leur étaient soumis. Ces collègues les ressentirent comme des réclamations injustifiées et une intrusion, et certains membres devinrent furieux et pleins de ressentiment envers les porteurs de mauvaises nouvelles. Bien que des rumeurs portant sur la conduite inadéquate de Khan envers des collègues, des candidats et des patients circulaient depuis longtemps, il semble extraordinaire que la question n’ait jamais été posée de savoir depuis combien de temps il se conduisait mal avec ses patients. Ceci témoigne de la force du déni et du clivage. La Société a eu besoin de l’article de Godley pour entreprendre un processus d’auto-réflexion long et douloureux. A l’époque, l’institution exerçait une forte pression pour serrer les rangs et manifester du respect et de la tristesse envers un collègue malade, au point que le Comité de la Formation fut amené à recommander au Conseil de la Société de trouver un compromis : Khan devait être « défroqué » de son statut de formateur, mais il ne serait pas expulsé de la Société. Cette recommandation fut acceptée. On pensait qu’en raison de la gravité du cancer dont il souffrait, Khan ne survivrait pas plus d’un an.

Les graves révélations obtenues au cours de son enquête par le Comité de la Formation et la profonde émotion qu’elle déclencha amenèrent la Société à nommer un Comité d’Éthique qui se mit immédiatement à rédiger un code éthique approprié, des directives et des procédures. Khan dut entreprendre plusieurs opérations et divers traitements agressifs, mais de fait, il avait survécu. Lorsqu’il récupéra ses forces, il reprit son travail analytique et ni le Comité d’Éthique, ni le Comité de la Formation et ni le Conseil de la Société entreprirent une action pour s’assurer que Khan était en état de recevoir ses patients.

Au cours des discussions qui eurent lieu au sein la Société Britannique à la suite de la publication de Godley, le Comité de la Formation fut la cible de blâmes. Il est vrai que ce Comité avait eu la responsabilité de la formation de Khan, de le rencontrer lors des diverses étapes de son évolution psychanalytique et d’en faire un analyste formateur. Nul doute que le Comité de la Formation manqua plusieurs occasions d’agir avec sagesse, mais la personnalité complexe de Khan, confuse et pleine de paradoxes, joua pour une grande part dans la création de tensions et de discordes au sein du Comité de la Formation, du Conseil et de la Société en général. Le silence qui précéda la plainte au sujet de la transgression de Khan et le silence qui suivit sa « défrocation » constituent un sujet important de réflexion.

En lisant le compte rendu choquant de l’analyse de Godley avec Khan, il devient clair qu’aucune autre personne prise dans une analyse aussi catastrophique se serait manifestée et aurait porté plainte, qu’il s’agisse de Godley ou d’un autre patient. Comme on l’a relevé plus haut, Godley considérait que Khan possédait « un pouvoir d’observation étonnant et une capacité inégalée de percevoir directement ce qu’il y a de profond en-dessous de la surface. Il m’était impossible d’avoir le dessus sur lui (Godley, 2001). Khan vivait dans un monde omnipotent, se considérant lui-même comme un grand bienfaiteur, il était connu pour être généreux et pour venir en aide à des patients en grande détresse. Par exemple, il n’hésita pas à rendre visite et à venir en aide à un patient effondré, chagriné et accablé, jusqu’à aller à son domicile (anonyme, env. 1970, communication personnelle). En raison de ces faits et de la compréhension qu’ils avaient reçus, certains patients de Khan lui furent si reconnaissants qu’ils étaient prêts à passer par dessus n’importe quelle incartade de sa part. Ces patients pensaient posséder quelque chose de particulier. Plusieurs parmi eux étaient convaincus que Khan leur avait sauvé la vie. Quel que soit l’analyste, ces mises en actes spontanées et apparemment bienveillantes ont des répercussions inconscientes graves et complexes pour la poursuite du travail psychanalytique. Des mises en acte de ce genre amènent le patient à une idéalisation croissante de l’analyste et renforcent l’impression qu’un pacte Faustien a été conclu entre patient et analyste, pacte qui exige l’assujettissement à un objet pareil à un Dieu idéalisé et omnipotent, qui posséderait le pouvoir de prendre le patient totalement en charge et le sauverait. Dans ces conditions, on assiste au déni ou à l’inhibition de la capacité du patient d’exprimer et d’explorer ses fantasmes inconscients, en particulier ceux qui expriment l’hostilité, la colère, la rage ou la déception.

Dans leur introduction à un article récent sur Masud Khan publié dans la Revue française de Psychanalyse en 2003, Andrée Baudoin et Paul Denis se demandent comment quelqu’un comme Khan a pu se permettre de telles transgressions, alors qu’il avait écrit de manière si pertinente sur le self, sur sa fragilité et sur sa vérité privée. Ces auteurs déclarent que, dans le cas de personnalités narcissiques perverses, l'extrême sensibilité à l’égard d’autrui telle que la possédait Khan pouvait être utilisée comme une invitation à envahir d’une façon parasitaire le psychisme de l’autre. L’autre devient un objet partiel ou même un objet mort, un simple satellite de l’omnipotence du prédateur.

Recommandations

Les sociétés de psychanalyse ont besoin de prendre activement des dispositions dans le but de promouvoir une plus grande prise de conscience des dangers inhérents à la pratique de la psychanalyse, car la possibilité de voir apparaître chez l’analyste une régression en même temps qu’un désir inconscient d’exploitation et d’autosatisfaction est toujours présente. Il est essentiel de rendre tous les psychanalystes attentifs à la nécessité impérieuse de gérer les manifestations du contre-transfert. On devrait offrir régulièrement aux candidats des séminaires abordant les questions éthiques qu’ils risquent de rencontrer au cours de leur pratique. Des discussions scientifiques devraient être mises sur pied deux ou trois fois par an sur les questions d’éthique, telles que les transgressions, la confidentialité, l’éthique dans les publications, l’évaluation de la compétence en psychanalyse et les problèmes liés à l’âge avancé. Cela permettrait d’aider les membres à prêter attention aux problèmes cliniques liés à des questions éthiques, en particulier au danger de mises en actes inconscients. Ces derniers débutent généralement de manière discrète, mais ils risquent facilement de glisser vers de sérieuses déviations de la rencontre analytique.

Bien qu’il appartienne aux Sociétés psychanalytiques de soutenir et d’aider leurs membres dans un travail exigeant intellectuellement et émotionnellement, il incombe à chaque psychanalyste de conserver la responsabilité personnelle de gérer soigneusement la manière dont il répond au processus psychanalytique. Cette responsabilité personnelle sera renforcée si les Sociétés fournissent un milieu soutenant et ouvert, et qu’elles assurent un large éventail d’échanges cliniques et de consultations à tous les stades d’expérience et de connaissance. Des séminaires qui favoriseraient l’échange d’expériences cliniques permettraient d’accroître la capacité des membres d’examiner la technique, en particulier la gestion du transfert et du contre-transfert, et pourraient faire beaucoup pour maintenir un niveau aussi élevé que possible de compétence professionnelle.

On reconnaît universellement que le caractère intime du traitement psychanalytique doit être protégé et que l’intrusion d’un tiers est à éviter. Cette protection peut parfois conduire à ce que des personnes soucieuses de la détérioration mentale d’un analysant se trouver coupées de la possibilité d’obtenir information et aide du côté psychanalytique. Pour ce motif, à la suite d’un incident tragique survenu chez un patient en analyse avec un membre de la Société Britannique, le poste de Consultant Clinique de Liaison a été créé. Ce collègue qualifié d’un point de vue médical est à la disposition des proches, des partenaires ou des amis qui seraient gravement préoccupés au sujet d’un analysant en traitement avec un membre, un membre associé ou un candidat de la Société. Le Consultant Clinique de Liaison se met rapidement à disposition et évalue la situation. Parfois, il suffit de contenir l’angoisse des personnes qui appellent par téléphone, mais il peut être nécessaire d’entrer en contact avec l’analyste et de recommander une hospitalisation, une interruption ou une terminaison du traitement psychanalytique. Bien qu’il ne s’agisse pas d’une plainte formelle, cette procédure constitue une tentative pour résoudre le problème dans le cadre de la communauté professionnelle et d’apporter un soutien.

Le compte rendu affligeant de Godley au sujet de son analyse avec Khan démontre clairement que des patients peuvent se trouver dans l’incapacité de protester ou de déposer une plainte formelle, tant ils sont subjugués par des mises en actes pervers de leur analyste, et se sentent en conflit, fautifs ou honteux. Il arrive aussi que de nombreux patients deviennent les soignants de leur propre analyste âgé ou malade, et qu’ils se trouvent également dans l’impossibilité de faire appel au Comité d’Éthique pour obtenir de l’aide. Durant les 10 dernières années de la vie de Khan, plusieurs parmi ses patients le quittèrent et s’adressèrent à d’autres analystes de la Société. Naturellement, personne ne sait combien de patients bouleversés partirent ailleurs ou renoncèrent à chercher de l’aide. Ce que nous savons cependant, c’est qu’aucun patient de Khan ne s’est manifesté ni a déposé plainte.

La nécessité de préserver la confidentialité empêche naturellement les psychanalystes de divulguer ce qu’ils entendent en provenance du divan. Néanmoins, il est essentiel de rechercher ce qui peut être entrepris pour protéger le public de collègues qui ne sont plus aptes à pratiquer. Le travail psychanalytique constitue une entreprise très privée et c’est souvent à travers de vagues rumeurs que surgissent les premiers signes préoccupants au sujet d’un collègue. Au cours des dernière années, le Comité d’Éthique de la Société Britannique a encouragé les membres de prendre contact avec le Président de ce Comité au cas où ils auraient eu vent de préoccupations sérieuses et persistantes au sujet d’un collègue précis, pour autant bien entendu que ces rapports ne proviennent pas du divan. Ces rumeurs, qui peuvent avoir été transmises par des candidats en supervision ou bien par des collègues travaillant dans la même institution, sont fréquemment rapportées confidentiellement sans en révéler les sources. Le président du Comité d’Éthique veille à ne pas partager cette information avec les membres du Comité jusqu’à ce que des préoccupations semblables soient exprimées par d’autres membres. Dans ce cas, le président informe le comité que de sérieuses préoccupations ont été exprimées de manière répétée au sujet d’un membre précis, à la suite de quoi le comité enquêtera. A ce stade, le comité d’Éthique assume la responsabilité ; les noms des informateurs ne sont jamais mentionnés. Récemment, le Comité d’Éthique a été en mesure de démontrer son efficacité dans un certain nombre de cas et de jouer un rôle conciliateur en aidant certains collègues à passer par les étapes difficiles qui les amènent à se retirer.

Conclusions

La Société Britannique a fait montre d’une énorme complaisance face aux violations extrêmes du comportement éthique de Khan ainsi que d’une collusion surprenante et insidieuse lors de l’utilisation personnelle d’un candidat par Winnicott. Cependant, il est de plus haute importance de se souvenir que, à l’époque de l’analyse de Khan par Winnicott et de l’analyse de Godley par Kahn, la Société Britannique n’avait ni Comité d’Éthique, ni code éthique, ni de procédures, pas davantage que d’autres Sociétés composantes de l’Association Psychanalytique Internationale. C'est seulement à la suite de la plainte formelle qui contraignit le Comité pour le Formation et le Conseil de la Société à retirer à Khan sa fonction d’analyste formateur qu’un document effectif et précis a été établi et distribué à chaque membre, candidat et au personnel de la Société.

Il est important d’accepter que nulle formation est capable de garantir une protection absolue contre une détérioration du caractère, quelle que soit le souhait de la plupart des sociétés psychanalytiques d’évaluer avec le plus grand soin les postulants et les candidats tout au long de leur formation, afin de leur offrir le niveau le plus élevé de compétence. On doit reconnaître que la pratique psychanalytique est une activité bien plus difficile qu’on ne l’a cru jusqu’ici. Les sociétés ou les individus doivent en tout temps éviter de se montrer complaisants. La prise de conscience des problèmes éthiques doit être continuellement renouvelée, car elle joue un rôle central dans l’orientation et le soutien des analystes en les mettant en garde contre les risques de passages à l’acte injustifiés et les pièges contre-transférentiels. Il s’agit de les encourager à entreprendre un constant auto-examen et de stimuler la réflexion et les interrogations face aux innovations techniques.

En conclusion, résumons les principales recommandations proposées dans cet article :

1. Chaque société se doit d’avoir un Comité d’Éthique composé de membres respectés et responsables, capables de désirer fonctionner de manière efficace et répondre aux plaintes concernant un comportement non éthique. Le Comité doit être guidé au cours de son travail par un code éthique et un code de procédure. Dans certaines circonstances spéciales, le Comité peut aussi suivre ses propres procédures éthiques et interroger un membre dont le comportement a provoqué un trouble répété et prolongé, même si aucune plainte formelle n’a été déposée. Le Comité possède à la fois un rôle d’enquête et de conciliation.

2. Un code éthique détaillé et formulé avec force devrait exister dans chaque Société. Ses directives et procédures pourront assurer une politique institutionnelle claire et une transparence. L’une de tâches du comité d’Éthique consiste à mettre à jour le code éthique ainsi que l’efficacité des procédures. On ne saurait trop sous-estimer l’importance d’établir un document éthique complet et bien défini.

3. Des séminaires sur des questions éthiques devraient être mis sur pied à intervalles réguliers, au moins une fois par an pour les candidats. De courts séminaires devraient être organisés à des étapes spécifiques de la carrière de l’analyste, par exemple lorsqu’un jeune membre associé désire devenir membre à part entière ou au moment de devenir analyste formateur.

4. Deux ou trois fois par an, on devrait consacrer une soirée scientifique à l’examen d’un problème éthique particulier et à en discuter.

5. L’établissement d’une fonction de Consultant Clinique de Liaison est hautement recommandé.

6. Chaque psychanalyste se doit d’être vigilant et, si cela s’avère indiqué, d’être prêt à s’engager personnellement en vue de favoriser un comportement éthique conforme à la politique institutionnelle et aux procédures de sa Société.

Remerciements : L’auteur a été Présidente du Comité d’Éthique de la Société Britannique de Psychanalyse de 1998 à 2003 et désire exprimer sa profonde gratitude à Miss Patricia Daniel, Secrétaire du Comité d’Éthique de 1998 à 2001, car cet article n’aurait jamais pu être écrit sans sa collaboration étroite, son soutien pratique et sa contribution inestimable.

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Last modified:  Apr. 20, 2008

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