Last updated: 1, March, 2007 

     THALASSA. Portolano of Psychoanalysis

 

 

TEXTS ON LINE:

"Adriatico" di Predrag Matvejevic

"Mon Adriatique" de Predrag Matvejevic

"Les cachés de la folie" de J.-P. Verot  

  "La difficoltà di dire io. L'esperienza del diario nel conflitto inter-jugoslavo di fine Novecento" di Nicole Janigro (prossima pubblicazione)

Storia della psicoanalisi nell'ex-Jugoslavia (in fase di pubblicazione)

"Civilization, Man-Made Disaster and Collective Memory" by W. Bohleber (A.S.S.E.Psi. web site)

  "I Balcani" di Predrag Matvejevic (sito "Frenis Zero")

  "La Shoah e la distruttività umana" di A. A. Semi (sito web A.S.S.E.Psi. )

 

 

 

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Questo testo è tratto dal discorso pronunciato da J.-P. Vernant (morto il 9.01.2007) nel 1999, in occasione del 50° anniversario del Consiglio d'Europa, e che è inscritto sul ponte che collega Strasburgo a Kehl:

<<Passare un ponte, traversare un fiume, varcare una frontiera, è lasciare lo spazio intimo e familiare ove si è a casa propria per penetrare in un orizzonte differente, uno spazio estraneo, incognito, ove si rischia - confrontati a ciò che è altro - di scoprirsi senza "luogo proprio", senza identità. Polarità dunque dello spazio umano, fatto di un dentro e di un fuori. Questo "dentro" rassicurante, turrito, stabile, e questo "fuori" inquietante, aperto, mobile, i Greci antichi hanno espresso sotto la forma di una coppia di divinità unite e opposte: Hestia e Hermes. Hestia è la dea del focolare, nel cuore della casa. Tanto Hestia è sedentaria, vigilante sugli esseri umani e le ricchezze che protegge, altrettanto Hermes è nomade, vagabondo: passa incessantemente da un luogo all'altro, incurante delle frontiere, delle chiusure, delle barriere. Maestro degli scambi, dei contatti, è il dio delle strade ove guida il viaggiatore, quanto Hestia mette al riparo tesori nei segreti penetrali delle case.  Divinità che si oppongono, certo, e che pure sono indissociabili. E' infatti all'altare della dea, nel cuore delle dimore private e degli edifici pubblici che sono, secondo il rito, accolti, nutriti, ospitati gli stranieri venuti di lontano. Perché ci sia veramente un "dentro", bisogna che possa aprirsi su un "fuori", per accoglierlo in sé. Così ogni individuo umano deve assumere la parte di Hestia e la parte di Hermes. Tra le rive del Medesimo e dell'Altro, l'uomo è un ponte>>.

 


 

 


"Les cachés de la folie"

de Jean Pierre Vérot

                                                                          

    version française  
     

 

 

 

 

Il y a quelques jours, je flânais dans Rome du côté de Trastevere. A l’ombre d’une église, il y avait une place avec des bouquinistes dans un coin de ruelles sans voitures et quelques bars aux devantures anciennes.

Sur la gauche, j’entendis des chants venir à mi-voix d’un couvent au début d’une impasse.

- Tiens, on dirait des moniales…ai-je pensé avec émotion.

Plus loin, un groupe de maisons accolées. Sur l’une d’elle, une enseigne, « Centro di salute mentale ».

Quelqu’un marchait devant moi tenant une sacoche, il s’est retourné pour me saluer au moment d’entrer.

Au fond de la rue, me parvenaient d’un mur assez haut, des bruits de la circulation, et dans cet espace, devant moi, trois personnes assises autour d’une table.

L’une d’elle tenait un livre, une autre son porte monnaie, la troisième était un jeune homme d’une trentaine d’années, vêtu d’un pantalon rouge écarlate et d’un tricot blanc en dentelle.

Il s’est levé, se dirigea vers moi d’une allure particulière, marchant presque sur la pointe de pieds. J’ai pensé au maniérisme de certaines personnes schizophrènes. Le regard fuyant il m’a dit bonjour, je lui ai tendu la main qu’il n’a pas voulu serrer.

- D’où venez-vous ? me dit-il mimant l’envol d’un oiseau.

Je me suis présenté sans dire que j’étais infirmier en psychiatrie. Il m’a demandé si je voulais visiter le foyer.

-         Pourquoi pas…

Nous sommes entrés dans le hall fraîchement repeint d’une maison où logent six personnes. Il y avait des meubles avec des fleurs et des napperons.

Sur le mur de gauche, une affiche :  I picari in più stupidi di cosi  en hommage à Fiorenzo Fiorentini, une pièce de théâtre qui se déroulerait en plein air, Giardino degli Aranci, via Santa Sabina.

Il y avait une cuisine très bien tenue, un salon avec une télé, quelques tapis puis des chambres que je n’ai pas voulu visiter.

J’ai pris avec eux un rafraîchissement dans le jardin. Ils m’ont demandé d’où je venais et si c’était loin. Des hirondelles piaillaient dans le ciel. Je leur ai dit que je venais de Paris.

Adrien, le jeune homme au pantalon écarlate, me dit avoir en avoir trouvé une ce matin noyée dans le Tibre, tout à côté de l’île Tiberina, qu’il a enterrée ici.

La maison voisine est un centre de consultation.

- C’est fermé le samedi après midi, me dit-il.

Puis il y a une autre maison pour la permanence des soignants et les réunions, là où le type qui me précédait tout à l’heure m’a  dit Salvé avant d’entrer.

Je ne pose aucune question sur leur présence, je n’en ai d’ailleurs aucune envie, les gens me racontent ce qu’ils veulent. J’ai l’impression qu’ils vivent plutôt bien. Je ne veux rien savoir de l’histoire, j’oublie peu à peu mon métier, c’est ouvert, propre, accueillant, un chat dort à l’ombre sous un escalier en pierre avec une main courante en fer forgée de très belle fabrique donnant probablement sur une cave.

En haut, vers l’avenue, le quartier continue de gronder au dessus du mur, ça circule avec des camionnettes, des motocyclettes et d’autres bastringues à roues.

Ici, ce sont des gens silencieux autour d’une table dans un jardin. Pour moi, c’est un peu cela un véritable asile, un petit groupe, du calme et du temps.

 

Rome trafique intensément. Jour et nuit c’est toujours du micmac, de l’embrouille. Il y a une carriole avec des tomates, des artichauts, des pastèques, et des cageots de fruits tripotés par des mamas, ça grouille de gars tirant béatement sur leur cigarette, des tout de traviole, des gentlemans, des religieuses, des soldats, et tout ce monde marche sur les trottoirs de Trastevere.

Même quand ça poireaute, ça fait plein boum avec du ramdam et des pétarades, d’la vie gonflée à bloc avec des projets à n’en plus finir, une grande cohue avec des filons de rêves pleins de fric dans les esgourdes.

Je disais donc au revoir à mes amis dans leur silence reposant pour continuer ma route. Je prenais des notes sur Michigan city, une petite nouvelle que je travaille depuis quelques mois, une histoire de mineurs dans l’ombre nocturne du côté d’Hampton House, une bâtisse de quatre étages qui servait autrefois de scierie, devenue aujourd’hui une usine de conserves de viandes.

Je vais en Dalmatie pour me baigner loin du monde non loin de Slano et Meleda. Mais Roma vecchia, que d’antiquités, de chemins, de foules ! 35° degrés à l’ombre dès 10 heures du matin et nous n’étions même pas fin juin.

L’avion avait longé la mer éclairée par le soleil qui s’endormait dans un ciel bleu foncé. La nuit venait.

Tout a commencé avec des portiques, des pavés, des scooters, une ambulance, des carabiniers, des figures, des tableaux, des baïoques, des Paul puis des princes, des marquises, je croyais rêver !

Dans une rue du quartier,  un musicien jouait  les funambules avec un saxo. Un petit papillon dansait autour d’une calèche décorée qui allait vers Caracalla.

Derrière moi, j’entendais parler du café Ruspoli qui doit se trouver sur le Corso, juste en face du palais Fiano. J’ai écrit trentanove  parce que c’est la température à l’ombre vers quatre heures cette après midi.

Des souvenirs de casse cou dans la campagne champenoise me revenaient avec des champs, des fossés, une grange en craie, et troublaient mon esprit avec le vin pétillant ; je ne sais pas pourquoi, j’étais bien, alors j’ai marché lentement le long des murs vers le Colysée et le Forum. J’ai pris l’escalier d’un certain septime Sévère, père de Caracalla.

Que de palais !! Que d’idées, de tableaux, de conflits et de souvenirs! Là on présentait une exposition sur Caton et un rapport sur l’amidon du blé dans l’Antiquité, tout à côté c’était Soranus et les Etrusques, je veux dire l’Italie primitive avec son pourpre, ses cuivres, l’or, l’argent, des ponts, des voûtes, des égouts, et que de vases, mais que de vases, grecs paraît-il, en réalité.

C’est un peu comme ça dans mes rêveries, aucun but, aucune vérité ni âge de la vie, mais d’éternelles conversations à voyages, jardins secrets, airs de Don Juan, j’entends Mozart, je vois du rococo et du Puccini lorsque j’écris ; j’éprouve le bien, je rentre chez moi, ma tête est à peu près chose faite, et dans tout ça je vois des chandelles, des voyageurs et toujours des jours que je ne connais pas, j’me débastille, je vais plus loin, j’me vis en avant et je fais des boucles avec tout ça, plus en bas, des gens riaient, l’un d’eux criait : Luciana !! Luciana !! Mia voce poetica !! une voix de femme lui répondait Sono nero, mai sono bella !!,  ça chantait, ça buvait, c’était  trois heures du matin chez Bonacorsi, des locutions al ponti, le long du Tibre villa des Mellini, devant les Osteri, pas un nuage mais des joujous, du grave, du sérieux, César Borghia de Raphaël, il teatro della Torre Argentina, des colonnes, et toutes ces voix, ces vivas, ces bravos !

Pour un rien, ils danseraient le saltarello, un bal masqué de loin, il y a des pauvres, des errants qui demandent des papiers, et ça mendie, ça mendie comme ça se divertie. Du spectacle ! De la couleur, du dessin, des bronzes sur mosaïques, ça vivote du commerce, ça connais l’Angleterre et des endroits où l’on peut encore trouver des manuscrits d’Alfieri, des prêtres dans des cabarets, un détail de St Pierre sur lequel je pose mes yeux et Madrid, le roi d’Espagne est là, Juan Carlos en photo !

-         Il faudrait venir à mardi gras, me dit une voix, pour la fête des moccoletti, c’est un jeu qui consiste à éteindre la bougie ou la lumière de votre voisin. Alors on se voile, on s’allume, on s’éteint les bouts de chandelles, on se brûle avec la cire fondue, on s’habille, on va au bal masqué car sans cela la République serait en danger. Mascarades, batailles de confettis, attention, on se jette réellement des bonbons, tous ces mouvements, ces foyers, ces allumés de la petite lanterne à suivre les femmes aux bougies volées, des cris sans fin, c’est du pour de vrai, de l’art, on jouit complètement de la folie du déguisement, il y en a même avec des oreilles pointues et des cols de chemise jusqu’au nez, des beaux morceaux, c’est du grand, des tableaux, d’la peinture grand canapé, on dirait qu’on ne se quittera jamais, il y a des jambes étendues, de l’écart, de l’étalé, du feu sacré. Tu finiras bien par rencontrer ton vampire dans cette marmaille !

 

Tandis que je me retournai pour voir qui me parlait ainsi, je m’aperçus qu’il n’y avait personne et que j’entendais simplement une voix.

Il n’y avait derrière moi qu’une fontaine avec de l’eau courante. J’emplis ma bouteille et, un peu morose, continuais mon chemin le long d’un parapet, apercevant ici et là quelques jeunes  au torse nu, des blondes et des brunes avec des robes qu’on leur voit la moitié des nichons et la lune en pleine figure, de la soie noire s’il vous plait dans les broussailles!

C’est la fringale du pèze, l’incendie d’la débrouille, de l’éraillé, nous sommes loin de l’art. Rome a réellement brûlé, et ça court, ça s’éclaire, ça s’passionne ici et là devant des tableaux, ou d’ardents banquiers causent avec des écrivains, il y a même des enfants sur les pavés avec cet argent qui leur brûle les mains.

Ah…le pèze américain est bien venu leur causer, mais doucement les basses, l’histoire a déjà dit que même en zigzaguant, tout le monde irait au trou.  Raison de plus pour contempler ce bas monde à la lumière d’une lune montée haute dans le ciel.

De l’art, du carré, du sacré, des facettes en albâtre, des revers, de l’ombre, du Quadraro, des dômes bleuâtres, des tables ovales avec des hommes autour qui regardent David et les romantiques. Sur une colonne surmontée d’une statue, il est écrit que les choses humaines restent des songes à découvrir dans la narration.

Je cherche la paix, l’Arcadie, le champêtre, l’idéal humaniste sous l’unique loi de la beauté naturelle. Je me suis endormi avec les Bellini, Mantegna et Benedetto Bordone de Padoue qui tentent d’exprimer les splendeurs de la vie ; c’est décidé, demain je pars en Dalmatie.

J’ai la bougeotte moi aussi, je brûle quand j’écris, j’ai vu des types et des nanas crayons en mains, dessiner ou écrire sur des rambardes. Un graphique et ça m’entraîne dans des trains d’images de l’inconscient, mon ange gardien. Je lui écris pour dire que ça défile devant moi quand je musarde comme un enfant qui ne comprend pas grand-chose à l’étrangeté du monde, ou si tu préfères, à sa folie.

Et j’entends sa voix qui me dit, vas-y c’est bien, promène toi…continue.

                                                                                                                     

 

 

 

 

 

   
   
   
   
   
   
   
   
   
   
   
   
   
   
   
   
   
   
   
   
   
   
   
   

 

 

(en construcciòn)

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