Last updated: 17, May, 2008

     THALASSA. Portolano of Psychoanalysis

 

 

TEXTS ON LINE:

"Adriatico" di Predrag Matvejevic

"Mon Adriatique" de Predrag Matvejevic

"Les cachés de la folie" de J.-P. Verot  

  "La difficoltà di dire io. L'esperienza del diario nel conflitto inter-jugoslavo di fine Novecento" di Nicole Janigro

 

  "I Balcani" di Predrag Matvejevic (sito "Frenis Zero")

  "La Shoah e la distruttività umana" di A. A. Semi (sito web A.S.S.E.Psi. )

 

 

 

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Questo testo è tratto dal discorso pronunciato da J.-P. Vernant (morto il 9.01.2007) nel 1999, in occasione del 50° anniversario del Consiglio d'Europa, e che è inscritto sul ponte che collega Strasburgo a Kehl:

<<Passare un ponte, traversare un fiume, varcare una frontiera, è lasciare lo spazio intimo e familiare ove si è a casa propria per penetrare in un orizzonte differente, uno spazio estraneo, incognito, ove si rischia - confrontati a ciò che è altro - di scoprirsi senza "luogo proprio", senza identità. Polarità dunque dello spazio umano, fatto di un dentro e di un fuori. Questo "dentro" rassicurante, turrito, stabile, e questo "fuori" inquietante, aperto, mobile, i Greci antichi hanno espresso sotto la forma di una coppia di divinità unite e opposte: Hestia e Hermes. Hestia è la dea del focolare, nel cuore della casa. Tanto Hestia è sedentaria, vigilante sugli esseri umani e le ricchezze che protegge, altrettanto Hermes è nomade, vagabondo: passa incessantemente da un luogo all'altro, incurante delle frontiere, delle chiusure, delle barriere. Maestro degli scambi, dei contatti, è il dio delle strade ove guida il viaggiatore, quanto Hestia mette al riparo tesori nei segreti penetrali delle case.  Divinità che si oppongono, certo, e che pure sono indissociabili. E' infatti all'altare della dea, nel cuore delle dimore private e degli edifici pubblici che sono, secondo il rito, accolti, nutriti, ospitati gli stranieri venuti di lontano. Perché ci sia veramente un "dentro", bisogna che possa aprirsi su un "fuori", per accoglierlo in sé. Così ogni individuo umano deve assumere la parte di Hestia e la parte di Hermes. Tra le rive del Medesimo e dell'Altro, l'uomo è un ponte>>.

 


 

 


"J'ai la honte"

de Abram Coen

                                                                          

Cet article a eté présenté au Colloque "Id-entités méditérranéennes. Psychanalyse et lieux de mémoire" (Lecce, 5 avril 2008). Abram Coen est psychiatre honoraire des hopitaux,  psychanalyste membre d'Espace Analytique, membre du Laboratoire de Recherche en Psychologie (Université Paris XIII- Villetanneuse)   version française  
     

 

 

 

 

 

 

 

 


 

 

 

"J'ai la honte" est une expression argotique familière des jeunes de banlieue d'une certaine façon s'oppose à une expression plus familière comme «je suis honteux» ou plus simplement «j'ai honte. La clinique et les institutions de soins comme les équipements socio culturels peuvent- elles nous éclairer à mieux comprendre, distinguer, dépasser ce signifiant familier?

Le sentiment de honte a deux versants: psychologique et social. En effet, j'ai la honte témoigne d'un état extérieur, partageable qu'on endosse, qu’on subit, qui vous habite malgré vous, à l'instar d’une maladie à laquelle on ne peut échapper! Il s’agirait d’une prise ou une emprise dont on serait prisonnier, otage. A l’inverse être honteux est un vécu, un sentiment, la prise de conscience d’une situation inconfortable, qui nous a échappé, dont on paye le prix et qui demande réparation.

 

Quelques vignettes cliniques pour tenter d’illustrer ces deux dimensions:

- Un étudiant de 21 ans que j’ai connu à la faveur d’une bouffée délirante où il se prenait pour le diable et avait une impression d’hostilité ambiante; sorti de cet état productif, il est actuellement conscient de ce qui lui est arrivé. Il se rend compte avec lucidité et sur un versant dépressif de ses difficultés en particulier sur le plan des relations sociales. Il est arrivé catastrophé à sa dernière séance: «je ne commande plus à ma bouche qui dit des choses qui m’échappent. Cette prise de conscience que «ça parle» malgré lui, lui est très pénible, il se dit honteux. Il en profite pour me dire- au téléphone- qu’à trois reprises il m’aurait menti dans la dernière année reconnaissant douloureusement dans cet aveu de la distortion de son rapport à la vérité.

 

-Une psychothérapie d’inspiration psychanalytique en, face à face s’enlise et tourne en rond, me donnant également l’impression de m’ennuyer. Je sens un blocage qui fait barrage à la règle du «tout dire» J’en fait part à ma patiente qui fait également le même constat. Je lui propose alors, en tenant compte de son refus de s’allonger, à un «truc» que m’a appris Françoise Dolto pour débloquer une situation figée. Je demande à la patiente de retourner son siège pour échapper au face à face inhibiteur. Ce qui fut fait. La patiente s’effondre en évoquant des attouchements subis à l’age de 10 ans par un ami de la famille, dont elle se sent encore jusqu’à ce jour- où elle est mère de 3enfants – blessée, souillée et honteuse. Ce vécu traumatique- chez une catholique pratiquante, lui aurait caché sa vie de couple et l’accès à tout plaisir sexuel. Tout se passe, dans cette situation douloureuse comme si d’être exposée au regard du thérapeute sans protection dévoilait sa nudité comme au temps des attouchements. D’où embarras, gaucherie, inhibition, timidité, honte et humiliation. Son narcissisme blessé, comme son estime de soi contribuent au sentiment de honte, d’être différente marquée d’une tare indélébile.

 

- Une conduite d’échec dans ses relations amoureuses amènent Madame B à consulter. Lui faisant observer que ses divers partenaires sont toujours des collègues de travail, elle confesse en larmes avoir été abusée par son frère et qu’elle n’en a jamais rien dit «pour ne pas lui nuire.Elle continuait à être prisonnière d’un processus de répétition d’une relation incestueuse ici dans le milieu du travail. Sa honte masochique et la perte de l’estime de soi l’amènent à vivre avec un collègue de bureau ayant lui-même une relation «platonique» avec une autre collègue du même bureau! 

 

- Lors d’un premier entretien avec un homme jeune, nous lui demandons s’il peut nous raconter un rêve récent. Il nous évoque un ascenseur sans pouvoir en dire plus. Je lui demande naïvement qu’en est-il de ses relations avec sa sœur? Embarrassé, rougissant ne sachant où se mettre, il dit que les liens sont distendus depuis qu’adolescent il avait abusé d’elle!

 

- Un homme d’age mûr consulte car il est violent avec ses collaboratrices de travail comme avec son épouse sans pouvoir maîtriser ses pulsions agressives. Cela reste verbale mais il a peur d’un passage à l’acte caractérisé. Il nous apprend avoir été abandonné par sa mère et adopté par une famille française métropolitaine lui même étant de couleur. Cette différence de teint avec ses parents adoptifs a toujours été un objet d’embarras l’amenant à en vouloir à sa mère de l’avoir abandonné et sa mère adoptive de l’avoir recueilli. La différence de peau ne pouvant confirmer une filiation. Je lui ai fait remarquer qu’après tout sa mère qui aurait pu avorter a du beaucoup l’aimer pour mener sa grossesse à bon port malgré probablement ce qu’il lui en a coûté, d’accoucher d’un enfant vivant et d’en faire don à une famille qui lui donnerait probablement une meilleure vie! La honte d’avoir été «abandonné» colle à la peau, devient une cicatrice indélébbile inconsiemment reprochée à toute femme

 

S’attaquer à la honte

Est-il possible de façon non conflictuelle d’être psychanalyste, quand on assume des fonctions de  psychiatre communautaire travaillant dans le service public, ayant également une responsabilité dans la prévention et la promotion de la santé mentale? Habitué à travailler au «un pour un», le passage au collectif n’est pas toujours aisé. Peut-on, en communauté, s’attaquer au versant social de la honte? Trois expériences nous aideront à en témoigner  dans le cadre de nos ancienne responsabilité en qualité de Chef de Service et de Secteur des Hopitaux de Saint Denis(France). Situé en Seine Saint Denis, département du Nord de Paris à fort taux d’immigration, qui cumule les handicaps sociaux et culturels avec  plus fort taux de chômage, d’assistés, mais aussi d’échec scolaire, de violence chez les jeunes de la région Ile de France.

            Devant la désertification des consultations hospitalières destinées aux adolescents, nous avons pris l’initiative- en nous appuyant sur le «pouvoir d’auto-guerison» dont parle Winnicott à leu propos- d’aller à leur rencontre; en ouvrant en ville un lieu d’accueil indifférencié, dans le temps post scolaire 16h-20h pour les 10 - 20ans appelé Point Accueil Jeunes(PAJ)

 

            Nous recevions jusqu’à une cinquantaine de passage par jour, autour d’un petit goûter et surtout d’activités favorisant d’accès à la culture. Contrairement à l’habitude dans ce type de structure disposant d’une série d’ateliers plaqués, les activités mises en place  l’était à leur  demande: musique, percussion, danse, théâtre, informatique…, sans oublier qu’on pouvait également y faire ses devoirs scolaires. Là encore nous nous sommes inspirés de Winnicott qui disait dans «Jeu et réalité» que «rêver, jouer et accéder à la culture sont les bases sur lesquelles repose  l’expérience culturelle.

Une position sociologique pourrait considérer la population accueillie comme étant faite de «personnes à risque. Notons qu’il n’y a jamais eu de violence. Bien entendu il nous arrivait de raccompagner, quelqu’un qui commençait à s’énerver, vers le pas de la porte en lui recommandant de revenir, calmé le lendemain, n’étant pas ce jour en position d’être accueilli!

Nous avons délibérément renoncé à adopter une position clinique, pas de «consultation» ni d’entretien individuel sur place, même si l’encadrement était de psychanalystes et de psychologues. Il ne s’agissait pas non plus de pathologiser ou repérer les personnes les plus fragiles sur le plan de la santé mentale ou même de «dépister» une quelconque maladie.

Un rapport canadien «analyse de milieu en santé mentale: problématique et éléments de méthodologie» insiste de façon caricaturale sur «l'importance des problèmes associés à la santé mentale: un indice de détresse psychologique élevé (ensemble de symptômes spécifiques, de problèmes psychologiques), près de 8 % d'entre eux ont des troubles mentaux et environ 4 % ont eu des idées suicidaires  au cours des douze derniers mois. En effet nous observions des «moments» dépressifs voir même psychotique mais sans lendemain. Nous n’avions pas non plus la posture statistique qui cherche à démontrer que« les personnes très défavorisées présentent un indice de détresse psychologique deux fois plus élevé que les personnes favorisées» (30 % versus 16.2 % ; Lavoie, 1989).

Nous ne savions rien d’eux que ce qu’ils voulaient bien nous dire sans les questionner, pas même leur identité! Ce n’était qu’après une longue mise en confiance que des questions de mauvais traitements ou de relations avec le juge des enfants pouvaient se dire. Certains pouvaient se risquer à confesser «un plus faible niveau de scolarité, un échec en français ou en math, voire une grande même une grande pauvreté. Ce qui nous intéressait c’était de rencontrer, non un problème, mais un sujet dans le groupe quelque soit ses problèmes dont il avait «la honte»qui le singularisait lui donnant l’impression «d’être pas comme les autres. Il s’agissait bien au contraire «de dé stigmatiser», «dé fataliser» de façon dynamique ces situations.

Ce n’était pas «la pauvreté sous sa forme économique culturelle et sociale, (Bourdieu, 1979) qui nous intéressait, fut-elle ici un puissant facteur de détermination de la santé, psychologique. Il ne s’agissait pas plus d’avoir un regard invalidant, disqualifiant de ces porteurs de «tares sociales»qui ne ferait qu’accroître leu honte par rapport à d’autres jeunes de milieux différents. 

Paradoxalement, le sentiment subjectif d'infériorité une conscience identitaire négative, la mésestime de soi et des siens nous paraissaient davantage en rapport avec un vécu traumatique, entraînant parfois une inhibition intellectuelle ou même un court circuit par le passage à l’acte.

            On constatait au terme d’une fréquentation - quasi quotidienne pour certains - de ce lieu des changements de position se soldant par la «honte d’avoir eu «honte de soi», de sa famille et de la culpabilité qui en résulte.  

C’est parce qu’il ne s’agissait donc pas identifier les porteurs de risque en santé mentale  contribuant accroître leur détresse psychologique. Notre but était tous simplement de prendre plaisir à se rencontrer, papauter et passer un bon moment ensemble.

Il est intéressant de constater que ce n’est qu’au bout de 5 à 6 ans de fonctionnement que certains jeunes, dépassant la honte initiale, osaient demander pour eux- même la possibilité de rencontrer individuellement un thérapeute pour une aide personnalisée et qu’une consultation a ouvert dans un local attenat, ayant un entrée différente.

Améliorer la qualité d’un tissu social respectueux du sujet, mettre en place des réseaux de soutien et d'entraide «culturelle», bref créer du lien social fiable, prendre appui sur la puissance des solidarités «ludiques»où l’on se sente en sécurité permettent un au-delà de la honte, qui s’apparente ici par les conduites d’évitement qu’elle engendre, à un mécanisme phobique. Ainsi pourraient être dépassés les effets cumulatifs du stress et des traumatismes en rapport avec des conditions d'existence difficiles tout en favorisant l’aptitude au changement. «Contribuer un sentiment de sécurité et d'amour, donne à l'individu l'impression d'être estimé» est d’une aide appréciable (Kirsh, 1983). Bref, le rôle de soutien social du groupe est considérable puisqu'il joue à la fois sur plusieurs aspects contribuant à la construction de la personnalité: le maintien de l'estime de soi, le sentiment de maîtrise des événements stressants, le développement de modèles et de stratégies d'adaptation à l'environnement.

Le PAJ entretenait un sentiment d'appartenance à un milieu de vie développant de nouvelles solidarités. Il était intéressant de constater lorsque des parents venaient au PAJ, il y avait une solidarité adolescente qui formait groupe contre lez adultes qui empiétaient sur leur territoire.

Jouer sur les déterminants non sanitaires de la santé ici psycho sociaux, permettait avec un transfert massif sur l’institution d’améliorer considérablement leur santé mentale. Le «j’ai la honte» devenait la base d’une solidarité: «j’ai la honte pour l’autre» avec une fièreté de l’implication que cela impliquait. Offrir  à l’extérieur du PAJ un spectacle contribuait à affermir le sentiment d’appartenance et de s’autoriser à inviter d’autres jeunes ç y participer. Le soutien du groupe permettait donc de dépasser la honte pour affermir le bonheur d’être soi comme de l’estime de soi. Quitter les rives de la mélancolie et de la pulsion de mort rencontrée dans «la honte» permet de retrouver son énergie combattive.

           

La honte en situation.

Nous avons constaté ce retournement dans deux autres situations apparemment dissemblables et cependant proches rencontrées sur le terrain: le décrochage scolaire et la dépression post natale.

 

Le décrochage scolaire est fréquent sous nos climats. Il s’agit d’un évitement scolaire qui se termine en rupture. Parfois quelques années après un jeune re motivé, est prêt à parfaire une scolarité interrompue, combler ses lacunes pour avoir une place au soleil. C’est ainsi qu’est né «l’auto-école», une «école de la deuxième chance», dispositif de rattrapage qui dure un an, plus rarement deux ans destinées à l’aide des nouvelles technologies, au rattrapage en petit groupe avec un enseignement adapté aux besoins des élèves.

Ceux-ci avec leurs maître étaient reçu, en dehors des heures d’ouverture habituelles au PAJ. Maître et élèves participaient ensemble à des ateliers de créativité; soumis aux même difficultés et exigences dans la confrontation au réel de la matière. Cette proximité rapprochait en créant un liant supplémentaire permettant de dépasser la honte de la situation du retour à l’école à l’age où on la quitte. La honte liée au déplaisir de cette situation, pudeur et sens de l’honneur pouvaient être alors dépassées. Il n’y avait plus de maître ou d’élève mais des sujets cherchant ensembles à dépasser les difficultés de la création. La traversée de la honte n’était plus liée à un imaginaire encombrant!

 

Donner naissance à un enfant est certainement l’acte humain le plus émouvant  qui procure généralement beaucoup et de satisfactions. Cependant dans certaines situations 15 à 20 % des cas, enfanter est totalement dépourvu de plaisir, au contraire peut même plonger dans la détresse et la souffrance. Peut-on dans nos sociétés assumer - sans paraître contre nature, ni bousculer les normes et les idées reçues, dire sa peine dans une telle situation parfaitement dépourvue de toute joie?

Il convient ici de rappeler que si la dépression du post partum s’amende même si l’on ne fait rien en 12 à 18mois, ses effets sur l’enfant risquent d’être indélébiles. Ici la honte touche à un tabou social celui de l’engendrement, la transmission de la vie au risque d’être «une mauvaise mère»! On ne peut confesser publiquement une telle déficience, une telle humiliation, à ceux qui vous félicitent et vous couvrent de cadeaux! Révéler un tel secret, être hors normes, se sentir coupable contribuent à l’humiliation! La honte touche ici à l’idéal du moi et au moi idéal.

 

Nous avons été contacté, à l’Unité d’Accueil Mère Enfant des Hopitaux de Saint Denis,  par un groupe de «nouvelles mères» qui, à la faveur du départ en congé de maternité de la psychologue qui animait la protection maternelle et infantile de proximité, sont venus nous trouver pour demander à être reçu à cet Hopital de Jour maman – bébé en refusant  toutefois de rencontrer un médecin comme c’est la règle en milieu hospitalier! Malgré la paradoxalité d’une telle demande nous avons accepté de les convier à prendre le thé(open tea de nos collègues anglais) tous les jeudis après midi. Le soin institutionnel repose sur deux  temps un accueil de groupe encadré par des infirmières, puéricultrices et psychologues et un  entretien individuel assuré par un psychanalyste. La honte d’avoir à confesser la douleur d’être mère et se reconnaître en souffrance se manifestait par un refus de rencontrer un thérapeute. Bien entendu les psycho pathologies rencontrées dans ce groupe étaient similaires à celle des mères que la reconnaissaient de cette souffrance n’humiliait pas!

 Ici comme chez les adolescents on se heurte au même refus actif de soins qui vient pour camoufler une blessure narcissique occasionnée par la honte de ne pas se suffire à soi même. La reconnaissance de la souffrance, vécue comme une humiliation est vigoureusement refusée à ces ages de la vie! En effet adolescence et post partum sont des moments de remaniement identitaire, de passage, de rupture et de deuil, avec les objets du passé. Moment de modifications anatomique et physiologique qui participent delà  transformation du sentiment d’identité et d’identification. D’où l’importance lors de cette traversée des «contenants» au sens de Bion à mettre en place pour absorber l’assaut pulsionnel comme les modifications énergétiques et structurales.

La proximité relationnelle maman – bébé et les manifestations de la souffrance des protagonistes donne une double entrée, à la problématique, ce  qui permet de multiplier les voies d’abord.

C’est ainsi que sont nées, dans le cadre de cet hopital de jour, en dehors d’un après midi «maison verte», à la Françoise Dolto divers «clubs» et consultations:« clubs de bébé», «clubs de nouvelles mères», «club de nouveaux parents» l’intérieur service, en maternité, ou même en ville. 

Diverses consultations ont ainsi vu le jour: «psychosomatique du nouveau né» consacrée aux symptômes troubles du sommeil, de l’alimentation, consultation parentale compte tenu des modifications de l’appétit sexuel mal vécu par les pères qui en profitent pour être absent. Enfin une consultation médiatisée par les travailleurs sociaux – les mieux acceptés dans une famille- qui suivent des situations de détresse du post partum chez des sujets qui refusent tout accès autre aux soins. L’offre d’accompagnement, «l’aide à être aidant» proposées aux travailleurs sociaux comme support d’étayage permet d’éviter des passages à l’acte intempestifs comme l’hospitalisation à tous prix ou le retrait de l’enfant quand ils ont l’impression que celui-ci peut-être en danger!

Un constat ici s’impose c’est la fréquente opposition des nouveaux pères d’accepter que leur femme soit «malade» opinion partagée parfois même par le médecin de famille qui rationalise, quand il ne banalise pas, les «fatigues bien compréhensibles qui suivent un accouchement. La «maladie» –qui échappe au sujet- est ici  vécue comme «étrangère à soi»; comme « un exil de soi» qui ne peut être reconnue ? La honte qui  traduit l’échec du processus de reconnaissance en fait une situation réfractaire au désir de soin, comme à la ré appropriation de son histoire.

 

Honte, sentiment d’infériorité et estime de soi- sur le plan collectif comme individuel - nous confrontent aux aléas du narcissisme infantile de chaque sujet, vécu de castration qui peut entraver ses réalisations intellectuelles et sociales comme sa représentation de soi entraînant la perte de l’estime de soi.

Qu’en est-il alors quand cette fluctuation imaginaire du sentiment d’identité rencontre, dans le réel des conditions extérieurs- traumatiques, cumulatives ou intergénérationnelles - défavorables pouvant entraîner régression désorganisante et perte de soi? La fréquence de survenue de ces conflits de maturation en fait un problème de santé publique en particulier lors du combat de l’adolescence ou de l’accès à la maternalité.

 

                                  

                                                                                                                     

 

 

 

 

 

   
   
   
   
   
   
   
   
   
   
   
   
   
   
   
   
   
   
   
   
   
   
   
   

 

 

 

 

 

 

 
 


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